[Fyladel & Meldinina ] Soirée trop arrosée

Darlène se gara devant la maison située au 3 rue des écureuils. Le soleil se couchait et offrait au ciel un spectacle de différentes couleurs. Elle regarda par la fenêtre et se dit "qu’est ce que je ne ferais pas pour ma petite sœur. Elle respira un bon coup, coupa le contact et sortit de la voiture. Elle était vêtue d’une robe rouge longue fendue qui offrait une vue panoramique sur son décolleté. En descendant, elle ajusta sa robe. Elle se sentait mal à l’aise dans ce genre de tenue, mais sa sœur l’avait appelé désespéré, la suppliant de l’accompagner à la « soirée du siècle », elle accepta bien qu’elle avait pour habitude de fuir ce genre d’ambiance.

Elle rentra à l’intérieur de la maison, une chanson bien rythmé résonnait, elle pouvait à peine entendre les différentes conversations. Elle se fraya un chemin parmi les invités et chercha sa sœur du regard, mais elle ne la vit point. Elle sortit son téléphone regarda si elle avait eu des appels ou des messages, mais rien. Elle commença à s’impatienter elle avait horreur d’attendre, elle se faufila près du bar, s’installa et prit un verre. Elle regardait les fêtards d’un air las, certains rougit par l’alcool, d’autres tenaient à peine sur leurs pieds. Elle vit des sachets contenant une substance poudreuse s’échanger contre de l’argent. « Les jeunes de nos jours ne peuvent pas boire deux verres sans être ivre » pensa t-elle.

Darlène n’avait pas eu une vie facile. Sa sœur et elle, avaient été ballotté de foyer d’accueil en foyer d’accueil, mais elles s’étaient battues pour rester ensemble. Malgré leurs différences d’âges et leurs divergences d’opinions sur certains points, elles s’étaient toujours serrés les coudes. Elle entendit des voix non loin d’elle, qui la firent sortir de ses pensées, deux jeunes hommes, totalement saouls se disputaient les faveurs d’une jeune fille. Cette dernière debout entre les deux totalement pompette essayait tant bien que mal à les calmer.

- John calme toi s’il te plait, Trévor est un ami, il avait une poussière, c’est pour cela que tu m’as vu si près de lui.
- Tu me prends pour un idiot , cria John
Trévor vêtu d’une veste en cuir noire et d’un jean troué regardait le jeune homme d’un air moqueur.


Sandra se regarda une dernière fois dans le miroir, elle rafraîchit son maquillage et ajusta la plume rose qui était soigneusement accroché à son serre tête. Elle se remit du rouge à lèvre et pendant quelques secondes contempla le résultat. Elle avait choisi une robe noire courte des chaussures assortit à son sac blanc « ce soir je vais m’amuser comme une petite folle ». Elle regarda sa montre, elle était en retard et savait au combien sa sœur n’aimait pas cela.

Sandra arriva à la soirée et aperçut sa sœur assise seule, elle s’approcha d’elle.

- T’es en retard lui lança Darlène
- Je sais excuse moi
- Je te rappelle que c’est pour toi que j’ai accepté de venir à cette soirée, vêtu de cette tenue »
- Oui je sais, mais tu sais que c’est important pour moi je suis rarement invité aux soirées et celle-ci promet d’être la soirée du siècle, avec dj, alcool, pleins de beaux gosses et à ce qu’il parait y aura même des stars… »
Sandra eut à peine le temps de finir qu’elle sentit son corps se propulser contre sa soeur, Darlène essaya de la rattraper. Les deux hommes que Darlène avait entendu se disputer quelques minutes plutôt se trouvaient maintenant juste derrière elles. Elles se dégagèrent tant bien que mal et s’éloignèrent de quelques mètres.

« John» cria la femme blonde. John n’entendait rien il était animé d’une telle colère, il lança un coup de poing à Trévor qui se tenait face à lui. Ce dernier riposta. John attrapa une bouteille qu’il cassa sur la tête de l’homme, des bris de verres volèrent en éclat. Un morceau alla se perdre juste au-dessus de l’œil de Trévor qui totalement saoule pris 5 minutes avant de se rendre compte qu’il avait du sang sur le visage. Il se mit à hurler de douleur sautant sur lui-même.

Les battements du coeur de Darlène s’accélérèrent. Elle avait un mauvais pressentiment et sentit que les choses n’allaient pas s’arrêter là. Un ami de Trévor cria en voyant le visage de son ami, il sortit un couteau et se rua sur John qui fit un pas chassé pour esquiver le coup. Darlène attrapa la main de sa sœur pour la tirer vers la sortie, elle ne voulait en aucun cas être témoin d’un meurtre. Mais Sandra lui résista. Darlène se retourna et la regarda. Sandra pétrifia lui montra sa main en sang, une épine s’était planté dans sa paume.

Darlène lui fit face «il faut que l'on sorte d’ici avant que la police n’arrive, je ne crois pas que tu tiennes à ce que cette première soirée ou tu as été invité se termine en garde à vue, une fois dehors je t’enlèverait ce truc de la main». Elles entendirent au loin les bruits des sirènes. Elles se faufilèrent parmi la foule déchainée qui commençait à être touché par l’épidémie combative. Elles ouvrirent la porte et se trouvèrent nez à nez avec un inspecteur de police.

« Halte là mes petites dames !»
Ce qui devait être la soirée du siècle allait devenir leur pire cauchemar.

D’un geste nerveux motivé par le besoin de garder le peu de dignité qui lui restait, elle ramena les mèches de cheveux qui s’étaient échappées de son chignon devant ses yeux. Même si personne ne pouvait ignorer ce qui venait de se passer, mieux valait préserver ses larmes pour un moment plus opportun. Elle se fraya un passage au milieu des cadavres de bouteilles qui jonchaient sur le sol. Soulagée elle vit apparaitre devant elle la porte de la salle de bain. Ses pas se firent encore plus déterminés, les talons de ses escarpins claquants sur le parquet en chêne massif.

Elle franchit le seuil et ferma le verrou. Elle s’effondra sur le tapis aussi anthracite que ses pensées. Elle resta ainsi de longues minutes. Prostrée, ses bras entourant ses genoux drapés du tissu vaporeux de sa robe. Ce sont des coups brefs à la porte qui la sortirent brusquement de sa torpeur. Une voix se fit entendre mais elle ne comprit pas le sens des paroles. On essayait sûrement de lui faire entendre raison pour qu’elle ouvre la porte. Peine perdue. Elle n’ouvrirait plus jamais aucune porte. Elle mourrait ici. Seule, loin de tous ceux qu’elle avait aimés et qui l’avaient détruite. Des images des événements précédents lui revinrent en mémoire. Prise de nausées elle se rua sur le lavabo. En nettoyant la bile qui dégoulinait de son menton elle fixa le pendentif en forme de plume qui ornait sa chaine en argent. Soudain il lui sembla qu’elle pesait une tonne. Qu’elle ironie ! De son ange, son rayon de soleil elle ne gardait qu’une malheureuse plume en ivoire ! Une larme rescapée des flots antérieurs s’évada de son œil droit et glissa le long de sa joue. Un frisson la parcouru lorsque d’autres souvenirs apparurent. Les rayons de lune filtrants au travers des vitres de la voiture cette nuit de juin dernier. La musique à fond dans les oreilles, la vitesse, tout aussi grisante. Le basalte défilait si vite qu’elle ne distinguait plus les arbres. Des bruits incongrus venant de la banquette arrière, des éclats de rire, suivis d’éclats de verre précédent le crissement de la gomme sur le goudron. Et enfin, comme une délivrance à ces instants de folie des éléments matériels, le choc. La tôle et le bois ne sont pas compatibles d’ordinaire, mais ils n’ont pas résistés. Et dans ce déchainement de brutalité, une sensation de douceur, des bras chaud, protecteurs jusqu’au dénouement. Le blanc de sa robe n’était plus étincelant mais rouge sang. Son cœur battait vite, trop vite, à l’unisson comme d’habitude avec celui d’à coté. Mais le calme assourdissant n’a pas duré. La nuit fût rapidement emplie de sirènes et autres cris des secours. Elle avait beau hurler qu’elle n’avait rien, qu’il était plus important qu’elle. On l’avait emmenée. Loin de lui. Elle n’était pas près de lui lorsque le dernier battement de son cœur résonna dans sa poitrine. Avait-il cru qu’elle était partie dans l’attendre ?

Ce qui est sûr c’est qu’en se plaçant devant elle, il lui avait sauvé la vie. Elle avait perdu une mèche de ses cheveux couleur écureuil qu’il avait gardé dans sa main. Arrachée dans la violence de l’accident. Cette vie qui quand on y repense elle ne méritait pas. Ca elle n’avait pas besoin qu’on lui rappelle. Ses pensées la hantent chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Simplement, cette fois rien n’avait pu retenir son accès de rage, de rancœur envers elle-même et les autres. Sa main s’était imbriqué dans la joue de cette… salope saoule qui se permettait de raconter des immondices sur elle et son ange. Qui oserait injurier un mort ? Des inconscients, des ados bourrés ayant perdu toute notion de contrôle sur leur débit de boisson. Ce n’est pas une excuse.

Oui elle était fautive de l’avoir laisser prendre le volant. Oui elle aurait du faire valoir son statut de Sam plus distinctement. Garder les clefs dans sa poche et non dans son sac. Ne pas capituler si facilement… Mais on n’émascule pas un homme en le privant de ses clefs de voitures, de surplus devant ses congénères. C’était ce qu’il lui avait répété maintes fois.
C’est la dignité qui a détruit sa vie, ce ridicule besoin de supériorité, du machisme ! Combiné à une bouteille de scotch et autres mélanges tout aussi forts. Qui sait si d’autres substances illicites n’avaient pas franchis ses lèvres ce soir là ?

De toute façon il est trop tard pour épiloguer. Personne n’oublierait que la vie des autres n’est pas une épine qu’on s’enlève du pied. Chacun est responsable, et ce soir bien qu’ils aient tous bu plus que nécessaire, ils n’auront pas besoin de reprendre la voiture. Des personnes de l’ordre public se chargeraient de ramener tout ce petit monde chez eux, en sécurité. Grâce à elle. Cette pensée la réconforta lorsque sa tâte toucha le sol. Le couteau lui glissa des doigts, ses cheveux s’étalèrent comme un halo flamboyant, elle sourit. La Princesse au Bois Dormant allait retrouver son Prince. Ainsi que l’enfant qui grandissait en son sein au moment du début de la fin de sa vie. C’était son secret à elle, elle n’avait pas eu le temps de lui apprendre la nouvelle. Mais dans quelques instants ils seront tous les trois réunis, pour l’éternité. Enfin.