[Chacha & Saskina ] La guerre

Chère Amélie,

Tant de choses se sont écoulées depuis ma dernière lettre et pas que des bonnes nouvelles…

Oh ! que des nouvelles horribles que je souhaiterai oublier malheureusement ce n’est point possible… Je… Mon cœur saigne…
Ma chambre est devenue un sanctuaire de pleurs…

Ici, à Paris, les bombardement ne cessent et chaque nuit nous sommes réveillées, du moins nous sommes prévenues (car nous dormons peu) par des alarmes que les avions ennemis nous bombardent. Je ne vais pas te mentir l’angoisse m’envahit de plus en plus et j’ai peur aussi, pour moi, pour Grégoire et pour mon père bien sûr…

Pourquoi Grégoire n’est-il pas né quelques mois plus tard… Il ne serait pas parti à la guerre !! Pourquoi 18 ans ? Et pas 16 comme moi !!

De plus je me sens mal ces derniers temps j’ai grossi et je vomis… Je crois que je suis enceinte… J’ai peur, Grégoire n’est pas au courant tu es la première personne à qui je me confie après ma mère. Tu es ma cousine et j’ai besoin de ton aide… Mon corps change et j’ai peur que mon sang redonne cette malédiction !

Oh, j’ai peur Amélie, je tremble et je sens cet être en moi qui bouge. Je sens son cœur battre à l’unisson avec le mien… Et je sens qu’il a quelque chose en plus que les autres bébés…

J’ai de plus en plus mal au dos et je suis fatiguée toute la journée…
Les voisins se doutent de quelque chose et demandent à ma mère pourquoi je ne sors pas. Elle dit que je suis malade mais cette excuse ne pourra pas durer longtemps car une maladie de 9 mois…

Ma mère travaille toute la journée pour fabriquer les armes et j’espère qu’aucune de ces armes ne tuera ni Grégoire ni mon père. Nous n’avons plus de nouvelles de mon père depuis au moins 3 mois… j’ai peur et je ne peux m’empêcher d’imaginer l’inévitable !!
Grégoire me répond très peu…

Et Marie ainsi que toute sa famille et son immeuble ont été déporté en camps… Je pleure juste rien que d’y penser… J’ai peur qu’ils nous déportent ma mère et moi, tout ça à cause de cette étoile…

Je me cache tout le temps pour l’étoile mais aussi car je suis enceinte et que si ils le découvrent ils auront d’autres raisons de m’envoyer en camp !

Grégoire me manque énormément ainsi que mon père j’ai peur pour l’avenir… Ô mon père si par malheur il apprenait ma grossesse par quelqu’un d’autre il ne s’en remettrait jamais !! Et puis par honneur il serai obligé de me discréditée de son arbre généalogique et de son testament !! Mon père… il me manque tant…

Et puis comme tu le sais… Mes pouvoirs sont revenus et je fais toujours ces affreux cauchemars, où du sang coule et où des cadavres recouvrent le sol…

Je ne contrôle pas encore mes visions ni mes pouvoirs et j’ai peur que mes rêves deviennent réalité… Je ne te dirai pas de quoi je rêve mais c’est assez horrible pour que je puisse les redouter !!

J’espère que ma mère pourra envoyer la lettre sans qu’elle soit contrôlée par la Gestapo car je me confie énormément !

Je vais bientôt m’enfuir avec ma mère à Stalia… Alors quand j’aurais traversé le miroir je ne pourrais revenir que quand la guerre sera finie enfin j’espère rejoins-moi là-bas ! Avec la lettre, je t’envoie le miroir ! C’est le seul endroit où nous sommes en sécurité! Je suppose que notre monde parallèle est surcharqé avec tout ceux qui vont s’y mettre à l’abri pour éviter la guerre !!!

Grégoire et papa savent qu’on y retourne et savent le danger que ça implique… Peut-être que l’on ne pourra plus revenir mais nous n’avons pas d’autre choix !! Je vais écrire à papa et Grégoire pour leur annoncer la grossesse… J’ai peur si cette lettre n’arrive pas à bon port ou si elle est contrôlée on te prendra le miroir et on te cherchera dans le pays…

Peut-être ne devrais-je pas me livrer autant… Peut-être gue la guerre va bientôt se terminer et que je prends le risque de ne plus pouvoir revenir… Même si cette guerre ne vient que de commencer j’ai l’impression que cela fait des années !!
Toi qui es plus raisonnable, tu aurais peut-être d’autres solutions mais je ne peux rester. De plus tu le sais comme moi quand j’arriverai là-bas, je n’aurai plus aucune douleur… C’est surement égoïste, je sais, je laisse ici des milliers de personnes qui eux n’ont pas d’autres choix que se cacher… Mais j’ai peur… Je sais je ne suis pas seule… J’ai honte de partir en laissant tout ce monde sans aide… Pendant que je serai dans l’autre monde tous sentiments négatifs se dissiperont et je n’aurai plus qu’à attendre que de pauvres mortels se battent pour nous… Ne me juge pas veux-tu ? Essaye de me comprendre… Vois-tu ici les Allemands nous traquent, alors que chez vous dans le sud, ils ne l’ont pas encore atteint… Et puis si ma grossesse venait à se savoir ce serait la honte, pour nous des personnes de la Haute-Société ! Tu te rends compte ce qui se dirait : « Tu es au courant ? Rachel, la fille de De Lacour, elle est enceinte à 16 ans d’un sombre inconnu et elle n’est même pas mariée !! A leur place je l’aurai déjà enfermée ou donnée aux Allemands !! »

Tu me comprends mieux ??

Je t’embrasse affectueusement,
Ta chère cousine, Rachel

Tante Caroline, je t'écris depuis le bateau qui m'a arraché à ma terre natale. Je posterai cette lettre quand nous serons arrivés en France, en espérant que tu la reçoives à tant. Ici, nous sommes tous entassés, nous avons tous dût fuir. Seuls les plus jeunes enfants essayent de s'amuser tant bien que mal, en jouant sur le peu de place qu'ils leur restent. Nous dormons tous par terre, mais nous sommes solidaires : les plus âgés aident leurs parents aux tâches du quotidien.

Avec le peu de temps libre qu'il me reste, je veux te raconter une histoire, l'histoire de la guerre d'Algérie.

J'ai toujours vécu là bas. Mes parents et mon plus grand frère sont nés en France mais ils sont partis pour ce long voyage peu avant ma naissance. Tous le monde, toi la première, les avaient suppliés de rester en France :

- Mais voyons vous ne manquez de rien ici, disait toujours mon grand père.

- Pourquoi partir si loin alors que votre famille est toujours présente à vos cotés ? pleurnichait ma grand mère.

Mais mon père et ma mère voulaient partir, ils avaient le goût du changement, disait ils.
Peu après notre arrivée, je naquit et fût nommé Clémentine, comme le fruit préféré de ma mère.

Nous avons vécut pendant toutes ces années dans une petit maison, modeste, mais qui nous suffisait amplement. A mes 7 ans, je vu pour la première fois ma petite sœur et mon petit frère : les jumeaux Camille et Thomas qui sont aujourd'hui les rares passagers du bateau à s'amuser et redonner le sourire aux personnes découragées.

Mais mes meilleurs années furent celles du collège. Grâce à une personne : Hakim. Il était sage, mais parfois curieux, aventureux. Il fut très vite mon meilleur ami, tous les soirs, nous nous rendions dans les champs pour manger des myrtilles et vivre de multiples aventures imaginaires.

MOI- Hakim, il faudrait peut être penser à rentrer, tu ne crois pas ?
LUI- Il est beau ce paysage, il faudra revenir...
MOI- Arrête de faire ton poète ! Ma mère va s'inquiéter !
LUI- Je ne plaisante pas, j'aimerais voir tous les beaux paysages du monde. Plus tard, on partira loin toi et moi. Et on visitera tous les pays du monde...
Hakim et moi rêvions de partir loin, de visiter l'Asie, le sud de l'Afrique, l'Amérique, peut être même l'Europe.
Bref, nous étions rêveurs et nous croyions en nos rêves. Mais quelques années plus tard, nous avons faire une croix dessus. Les Algériens se sont rebellés. Ils voulaient leur indépendance, comme disait mon père. Puis la guerre a commencé. Ce fut affreux. Hakim m'a raconté qu'un jour, des soldats français l'avaient pris pour un rebelle et lui ont ordonné de les suivre. Heureusement, il a finit par s'enfuir. De mon coté, ma famille se symbolisaient comme "neutre" mais cela ne nous empêchait pas, au contraire, de subir et d'avoir peur des attentats.

Le collège dut fermé, j'étais triste, je tombais dans le néant de ne plus voir Hakim.
Je devais redoubler de prudence, quand quelqu'un sonnait à la porte, je demandais d'abord "Qui est là ?!" et je ne me plaçais pas derrière, de peur que les rebelles tirent à travers la porte.

De plus en plus de français mourraient autour de nous, les attentats se multipliaient.
Un jour, je peut voir Hakim, à l'endroit exact de nos premières années de collège.

MOI- C'est horrible de ne plus te voir, je pleure tous les jours, j'ai peur de mourir.
LUI- Moi aussi, mes parents ont aussi choisi la neutralité, mais à leur plus grand regret. Si on n'ait pas pour les rebelles, nous sommes des traîtres. Mes parents songent à quitter l'Algérie.
MOI- Les miens aussi, ils aimeraient retourner en France. Nous ne nous reverrons plus jamais...
LUI- Un jour, on se retrouvera et on réalisera notre rêve... Nous irons faire le tour du monde !
Si seulement cette parole qu'avait prononcé Hakim pour la dernière fois pouvait se réaliser...
Puis ce qui devait arriver arriva...

Ma mère et mon frère se trouvait sur la terrasse quand c'est arrivé. Mon père travaillait, et moi j'essayais de guérir de ma souffrance dans ma chambre.
Un des rebelles est arrivé, il a menacé ma mère et mon frère.
Ces derniers eurent la peur de leur vie.
Ma mère le suppliait d'épargner mon frère. Ce dernier était prêt à tout pour sauver sa famille
Le rebelle allait tirer, mais un soldat français est arrivé et a tiré avant lui...
Cette expérience, mon frère ne voulut jamais en parler, ma mère, elle, se contentait de sourire en disant :
- Ce rebelle et ce soldat sont aussi coupables l'un de l'autre. Si les gens prenaient le temps de parler avant de prendre les armes. "La violence commence ou la parole s'arrête." J'en ait déjà parlé à quelques voisins, ils sont d'accord avec moi, peut être qu'en restant ici, nous pourrions changer les choses.
Mais mon père ne voulait rien entendre :
- Non, je veux tout d'abord la sécurité de ma famille, nous retournons en France.
La tristesse m'envahissait, mais je savais qu'il était inutile de discuter.
Voilà, c'est la fin de mon histoire.
Mais attention, ce n'est pas encore la fin de la guerre, je ne sais pas encore comment sa se finit, ni si je reverrais Hakim un jour...
Je ne t'ai encore jamais rencontré, mais j'avais besoin de me vider de cette tristesse, de raconter mon histoire, pour que les gens du futur puissent savoir comment ça c'est passé.
J'espère te voir bientôt,
Clémentine