Folles créations

Le garçon se dirigea seul vers le bois. D'après ces amis, restés en arrière, celui-ci était hanté par toutes sortes de créatures, plus effrayantes les unes que les autres. Ce soir d'Halloween était l'occasion de leur prouver que tout ça n'était que sornettes.

Le voici donc, bien décidé, s'enfonçant dans les profondeurs de la forêt et fanfaronnant devant ses camarades. Mais au fur et à mesure de son avancée, les lumières de la ville se font de plus en lointaines. Qu'à cela ne tienne ! Il avait sa lampe de poche et il lui suffisait de suivre le sentier pour ne pas se perdre. Il poursuivit donc son périple, avant de se retourner vivement, surpris par un bruit venant des buissons. Ou de la cime des arbres, qui lui paraissaient de plus en plus grands et semblaient l'observer de toute leur hauteur. Le jeune aventurier accéléra alors l'allure, longeant les piliers immenses, se rapprochant inexorablement de lui, jusqu'à se saisir de lui. Le voilà qui s'écroule ! Il se releva avec peine. La tête lui tournait. Sans sa torche, il ne savait plus d'où il venait ni où il allait. Titubant dans le noir, il progressa tant bien que mal. Par bonheur, il finit par arriver à l'orée d'une clairière, au beau milieu de laquelle se trouve un homme, qui pourrait surement l'aider !

Il s'élança donc vers ce bienfaiteur inattendu. Son allure lui paraissait étrange, mais ce devait être le manque de lumière.
- Monsieur, s'écria-t-il, à bout de souffle. Excusez-moi, je crois bien que je suis perdu.
Aucune réponse, pas même un geste. Étonné par ce silence, il réitéra son appel, tout en s'approchant.
Toujours rien. Mais la silhouette lui paraissait de plus en plus difforme. Il s'approcha encore.
Un rai de lumière, provenant de la lune jusque-là cachée par les nuages, lui révéla enfin la nature de son interlocuteur. Un être plus proche du végétal que de l'humain, dont il avait cependant l'apparence. Mais sa peau tenait davantage de l'écorce et un feuillage dense lui tenait lieu de chevelure. La créature était parsemée d'insectes en tous genres, qui semblaient faire corps avec elle. Mais son regard était le plus effrayant : des yeux d'un noir profond, capables de lire en vous comme dans un livre ouvert, et dénués de tout sentiment.
S’apprêtant à fuir face à ce monstre, l'enfant fut saisi par des racines sorties du sol et s'entortillant autour de ses chevilles. L'homme-arbre s'approcha alors et s'empara de lui, avant de s'en retourner parmi les arbres.