[Histoire] La décision d'une vie

La nuit n'allait plus tarder à arriver. Les rues étaient pleines de personnes sortant tout juste du travail pour rentrer chez elles. Le temps, aujourd'hui encore, n'avait pas été à son fort. Le froid n'était pas encore présent, bien heureusement, mais les habituels rayons de soleil lumineux n'étaient plus au rendez-vous depuis quelques jours. Certains s'en moquaient, d'autres en faisaient tout un cinéma. À quoi bon se plaindre, de toute façon ? Dans quelques mois, ce sera déjà le retour du soleil. Mais là encore, certains arrivent à trouver des raisons de se plaindre. Inutile de dire qu'il est parfois très déconcertant de comprendre les autres...

La façon la plus simple de se débarrasser des complaintes de telles personnes est tout simplement de ne pas en prendre rigueur. Ignorer les autres, faire la sourde oreille. Cela implique sûrement de se replier sur soi-même, encore une fois dans les bras de cette chère solitude. Certains vivent ainsi. Une partie de ces gens-là le vit bien, l'autre partie le vit mal. Chacun est comme il est. Et chacun le restera. Ah ! Le pensez-vous vraiment... ?

À travers cette masse de personne ambulante, une jeune femme se fraye un chemin tant bien que mal. Rien ne l'attends vraiment chez elle, sauf le besoin de se détendre, d'oublier le stress de la journée et de penser au lendemain. Un lendemain sûrement tout aussi banale que les jours précédents.

Elle avance à grand pas, comme si elle était poursuivit. Son visage reste neutre, impassible. Elle avance tel un mannequin défilant sur la piste, pressé de retourner dans les loges à l'abri de tous les regards. Une fine pluie s'incruste au-dessus de sa tête, la forçant à accélérer le pas.

*Fais chier !*

Courant presque, sans craindre la chute du sommet de ses hauts talons, elle tourne dans un bout de ruelle menant uniquement vers de très hauts immeubles tous aussi délabrés les uns que les autres. Enfin, pour l'État, ces immeubles sont dits comme convenables. Comme des HLM, quoi. La jeune femme s'empresse de sortir ses clés de son sac à mis-chemin pour ne pas avoir à s'arrêter, et ouvre la porte de l'immeuble portant le numéro 29 avec autant d'empressement. Enfin à l'intérieur, la jeune femme s'accorde quelques secondes de répit, se dirigeant machinalement vers sa boîte aux lettres, dispersées parmi tant d'autres, laissant échapper un soupire involontaire.

Elle tend la main pour atteindre avec sa clé la boîte aux lettres numéro 14, intitulé : « WISE Kate - 3ème étage ». Avec cet éternel petit pincement au cœur en pensant à ce qui pourrait se trouver à l'intérieur, Kate ouvre sa boite aux lettres avec rapidité. Rien. Désespoir. Soupire. Kate referme sa boite aux lettres avec autant de violence que précédemment. En se dirigeant vers l'ascenseur, elle avait déjà oublié l'histoire de cette boite aux lettres vide, comme tout le monde. De toute façon, il y a toujours un problème avec la poste : courrier perdu, en retard, ou tout simplement le facteur qui ne passe pas ! Et parfois il vaut mieux ne rien recevoir, car il est rare d'avoir autre chose que des factures...

* * *
Kate s'écroule dans son canapé, par habitude peut-être, car elle ne ressent pourtant aucune fatigue. Ou bien c'est la petite course improvisée sous la pluie qui l'abat de cette façon. Qui sait...

Pour rester dans les habitudes, la jeune femme attrape sa télécommande et la jette à nouveau sur la table après avoir allumé la télé, puis se déchausse en ne prenant même pas la peine d'aller ranger ses talons maintenant. Avec une moue, massant ses pieds endoloris, elle s'allonge sur le canapé, la tête sur l'accoudoir. Au bout de quelques minutes passées devant des émissions encore une fois totalement inutiles et ennuyeuses, elle sort son téléphone de sa poche, songeuse. Elle repense à cette journée, à la journée d'hier, et réfléchit à la journée de demain. Quelle différence, au juste ? Aucune.

*Et si je changeait ça pour une fois... tient, et si je faisais quelque chose d'incroyable demain, quelque chose qui sort totalement de mon quotidien ! Je pense que ça pourrait me faire du bien. Puis de toute façon, j'ai aucune envie d'aller bosser au bar demain. Ils se démerderont sans moi.*

Résolue de changer son quotidien le temps d'une journée, elle ouvre son répertoire, et s'arrête. Elle pensait prévenir son collègue de boulot, Peter, le beau blond que toutes les filles s'arrachent... du moins, d'après lui. Après, rien ne l'empêche de ne rien dire ce soir et de ne les prévenir qu'au dernier moment...

*Comme je les connais, ils seraient capable de réussir à me convaincre de me faire venir au boulot d'ici-là...*

Le mieux serait donc de les prévenir au dernier moment, voire pas du tout. Mais bon, elle avait besoin de ce boulot quand même...

*Je devrais peut-être appeler Anna pour lui demander ce qu'elle en pense.. du moment qu'elle ne vient pas non plus gâcher ma journée de demain.*

Alors, d'après vous, que dois faire Kate ? Appeler le beau Peter, son amie Anna... ou personne ? Attention, votre choix changera le cours de l'histoire...