[Mewlody et Lallypop]Un endroit rêvé.

C'est dans un Éden de l'autre monde que la famille Widows pénétrait.
Tout autour du pavé de poudre d'asphalte sur lequel le soleil ardent de juin se reflétait, de vaillant pommiers laissait tomber leurs pétales roses sur la fine chevelure blonde de Mme Widows, qui traînait le pas derrière ses enfants. Des abeilles laissait leurs bourdonnements résonner jusqu'au plus profond du Domaine de L'Héritage. Monsieur Widows avait trouvé refuge sur un des bancs blancs qui ornait la forêt des Aulnes, mais se voyait interdit d'allumer une cigarette.
Malgré la mauvaise humeur du barbu, c'était une journée exceptionnelle.
Jamais le Domaine n'avait semblé tant rempli de vie. Des merles d'Amérique chantait tout haut, enterrait la musique de fond que les propriétaires laissait faire écho dans la montagne.
Une hirondelle planait au-dessus du Jardin des Délices. Ce petit refuges, on le nomme ainsi à cause des milles et unes fleurs si colorés qu'elles nous évoquent tous les bonbons que nous reluquions enfants. Amara Widows s'approcha de l'étang, faisant claquer ses chaussures sur les fines dalles de bétons. Les gouttelettes qu'envoyait au loin la fontaine provoquait un exquis arc-en-ciel face au rayons de soleil ardents. Des têtards faisait bronzettes au soleil, échappant de temps en temps au petites mains qui tentait de les attraper dans l'eau claire et verdâtre.
Partout dans le Domaine, des pancarte affichait des paroles, de douces parles, des pensées, les citations qui ont jadis inspirés Monsieur Kondokir Lafamelle à fonder ce haras de paix. Les mots d'encouragements que ses proches lui glissaient afin de lui remonter le morales. Ces paroles étaient exposés noir sur blanc, protégés par un pellicule de plastique, inspiraient à leur tour de jeunes aventuriers, donnaient la soif de vivre au craintif.
Un papillon virevolte, comme plusieurs autres. Il est orangé, magnifique. Il butine à travers les orchidées, les iris et les tulipes. Il approchent et se pose tranquillement sur le voile de Mme Évangeline Widows.
À cette femme, on ne peut enlever tout sauf sa joie de vivre. On pourrait croire qu'à la fin du 20e siècle, les femmes se révoltent et n'ont plus des familles de 15 enfants. Evy, comme on la surnommait, faisait exceptions à la règle. Elle chérissait plus que tout au mondes ces enfants - et son bougon de mari - qui, à chaque jour, l'entraînait dans la bonne humeur. Cette belle quadragénaire au yeux verts mordants semblait infatigables.
Rien ne pouvait effacer sa bonne humeur.
Combien de temps un tel sentiment peut durer ?
Ce jour là, les jumeaux Jonathan et Junior, les petits dernier, s'enfuirent et se perdirent dans les bois, ce qui ne manqua pas d'inquiéter toute la tribu. Heureusement, les petits blonds trouvèrent rapidement le stationnement.
Sauf que ce n'était peut-être pas une si bonne idée ?
Lorsque la tribu abouti elle aussi dans le parking, Mme Widows les vu.
Là.
Ils couraient.
L'un d'eux trébucha.
Se cogna la tête.
La vie ne tient donc qu'à un fil ?
Ce jour là, si l'automobiliste n'avait pas freiné d'urgence, Jonathan Widows serait mort.
Ce jour là, si on ne l'avait pas oublié seule, Amara Widows ne se serait pas noyés dans l'étang.
Le Domaine de l'Héritage, autrefois un endroit de paix rêvé, fut maintenant un recueil de douloureux souvenirs...