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Quel texte respecte le mieux le thème et la contrainte ? | Celui de Lehanna | | 33% | [ 1 ] | Celui de Maeleo | | 67% | [ 2 ] |
| Total des votes : 3 | | Sondage clos |
| Auteur | Message |
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Mad Animateur Date d'inscription : 05/05/2013 Age : 37 Localisation : Ici ou là... ou ailleurs
| Sujet: Noël au balcon Sam 09 Jan 2016, 20:33 | |
| Il est temps de voter pour la battle ! Thème: Noël au balcon. Contrainte: le mot "Noël" ne doit pas apparaître.
Vôtre rôle si vous l'acceptez est de voter pour la création qui selon vous incarne le mieux le thème tout en respectant la contrainte.
Les votes sont ouverts jusqu'au 16/01/2016.
Voter c'est bien MAIS laisser un commentaire c'est bien mieux ! - Lehanna :
Les patrons n’étaient pas tendres avec les morveux dans leur genre. Surtout quand le morveux en question n’apportait rien de bon, de beau ou de vendable au terme de la journée. Alors parfois, ils se contentaient de gueuler dessus, comme si le pauvre gosse n’était qu’un chien ou, à défaut, un déchet sur le trottoir ; et parfois, comme ce soir de décembre, ils passaient leurs nerfs en les frappant, tout simplement. En les frappant fort. Quand il vit la main s’écraser sur le visage de la petite fille, il préféra faire demi-tour. Tant pis pour l’honneur, tant pis pour le travail et tant pis pour la récompense qui l’accompagnait – il ne tenait surtout pas à finir en punching-ball. « Tu es un lâche. » La voix résonna dans le couloir, comme un écho, mais volontairement il n’en tint pas compte et traça son chemin. La tête rentrée, le regard fixe. Le pas large. L’air apeuré. L’air de décembre attaqua son visage lorsqu’il sortit des sous-sols de la ville. Alors qu’à cette époque de l’année, les températures auraient dû être négatives, elles frôlaient les cinq degrés. Les habitants du pays ne comprenaient pas le phénomène – ils en avaient presque peur, en fait. Ils ne sortaient plus de chez eux et craignaient la foudre des dieux. Ou des Dieux – enfin, cela n’avaient pas d’importance. Lui, il s’en fichait comme de sa première chaussette ; d’abord parce que ce n’était pas quelques degrés de trop qui allaient régir sa vie, et ensuite parce qu’ainsi il pouvait économiser l’emprunt d’un manteau. Toujours est-il que les rues étaient incroyablement désertes, et qu’il n’était pas sûr d’apprécier cela. Surtout parce qu’il allait avoir du mal à trouver de quoi manger pour le soir, à vrai dire. Les maisons étaient toutes parées de guirlandes lumineuses, de boules argentées ou de cloches pailletées. Les autres années, le spectacle était presque féérique car la neige scintillait des lumières chaleureuses et les trottoirs étaient décorés de bonhommes de neige plus ou moins créatifs. Mais ce soir-là, seule la chaussée détrempée renvoyait l’éclat des ornementations. Et sincèrement, il trouvait cela extrêmement triste. Lui qui n’avait pas de famille, lui qui s’était élevé tout seul, lui qui volait pour survivre – tous les jours, chaque semaine, il devait se débrouiller par lui-même et ne pouvait compter sur personne. Le mois de décembre et la magie qu’il apportait était l’un des rares plaisirs et l’un des seuls moments d’égarement qu’il se permettait. Alors certes, il était plutôt satisfait des températures clémentes de cette fin d’année, mais quand même, qu’est-ce que la neige lui manquait ! Il était à peine vingt heures et son estomac criait déjà famine. Le midi même, il avait dû se contenter d’une pomme et d’un quignon de pain, tous deux laissés sur une table dans le jardin public, sans doute abandonnés dans la précipitation suite à la grosse pluie qui était tombée quelques minutes auparavant. Il s’en était contenté, ravi de ne pas avoir à traumatiser un autre de ces gosses de riches ou à arnaquer l’honnête boucher du coin de la rue – celui qui faisait ce foie gras dont la réputation atteignait la région voisine. Mais à présent… à présent, l’estomac dans les talons, le moral au plus bas, les images de la fillette qui tourbillonnaient dans sa tête, il était prêt à traumatiser n’importe qui et à arnaquer quiconque se présenterait à lui. Ses lèvres se pincèrent, ses joues se creusèrent. Ses yeux s’obscurcirent. Ses poings se serrèrent. Il ne se sentait pas bien, il ne se sentait plus bien. Il voulait craquer. Il voulait pleurer, rire, parler, hurler, ou peut-être tout cela à la fois, et il pensait, non, il était sûr, il était certain que ça lui ferait du bien de s’exprimer, une fois de temps à autre. Juste cette fois. Juste ce soir-là. Tout à coup, il lui sembla que le poids du monde reposait sur ses épaules. « Tu es un lâche », résonna la voix dans sa tête. Et oui, s’il n’était même pas capable de résister à cette foutu pression, à cette pression qu’on lui imposait sciemment, à cette pression qu’il s’imposait tout seul, alors oui, c’était qu’il était sûrement un lâche. Un lâche dans le besoin, un lâche qu’on aurait pu excuser – mais un lâche quand même. La boulangerie était en face de lui, sur l’autre trottoir. Et même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu ignorer le fumet qui s’en dégageait. Une odeur de pain frais, de sucre cuit et de pâte feuilletée – il s’en approcha. Les yeux arrondis pas la faim, les pupilles dilatées par l’envie. Et cette femme, là, devant la vitrine, en train de téléphoner, cette femme-là attira son regard. Elle était belle ; peut-être un peu ronde, mais belle. Elle avait l’air en bonne santé. Un besoin viscéral de la secouer et de lui faire savoir qu’il était là, et qu’il crevait à petit feu, le prit, et il mit toute son énergie, toute sa foi envers lui-même pour ne pas se précipiter vers elle et pour rester à sa place. Il remarqua le sac. Elle l’avait inconsciemment posé derrière elle, sur l’appui de la vitrine, toute à sa conversation, et elle semblait l’avoir complètement oublié – pour le moment du moins. Un sourire tordu étira ses lèvres. Il s’approcha. Sans bruit, il fit quelques pas. Un, deux, puis trois. La femme ne le remarqua pas. Ne se retourna pas. Il empoigna les anses du sachet. Le tira délicatement vers lui. Le plaqua contre son corps. Recula doucement. Et fit demi-tour, presque naturellement, avant de se mettre à courir, en ignorant du mieux qu’il pouvait les hurlements de la femme qui criait au voleur. Elle n’avait qu’à surveiller ses affaires. Et à ne pas puer la richesse. Et contre lui, il sentait son butin, encore chaud. Le pain, les douceurs, la bûche pâtissière. Un franc sourire vint s’étaler sur ses lèvres : cette année, pour la première fois, il aurait un vrai cadeau.
- Maeleo :
L’étrange petite créature blanche aimait, l’hiver venu, observer la fumée s’échapper de sa bouche à chacune de ses expirations. Elle ne connaissait pas la raison pour laquelle ce phénomène se produisait seulement le froid arrivé mais qu’importait, c’était un motif de plus pour attendre l’hiver et l’aimer.
Ce soir était la soirée du feu dans le ciel. Pour une raison qui lui demeurait obscure, les humains qui vivaient hors de la forêt illuminaient le ciel quelques semaines après les premières neiges de couleurs qui éclataient dans la nuit. C’était un spectacle qu’elle regardait avec fascination, subjuguée par tant de beauté, terrifiée par son bruit. Chaque année elle se faisait violence pour supporter jusqu’au bout ces explosions qui lui blessaient les tympans et ces lumières intenses qui l’aveuglaient.
Elle s’installa dans le peu de neige dure et sale de cet hiver, les yeux brillants d’impatience rivés vers le ciel noir et dépourvu d’étoiles. Les points scintillants dans la nuit avaient disparu il y avait bien longtemps maintenant, depuis l’arrivée de ces hommes et de leurs abris lumineux qui occultaient la faible luminosité des astres. Elle avait su s’y habituer.
Le spectacle commença. Les étoiles filantes s’élevèrent pour venir déchirer l’obscurité de rayons blancs, rouges, verts, bleus ou encore dorés. Ces derniers étaient ses préférés. C’était une couleur qu’on ne voyait que rarement ici.
Mais aucune de ces explosions colorées n’irisait l’iris noir de la créature. Seul un unique flocon difforme, détonnant de sa couleur blanche, s’y reflétait. Il voletait péniblement entre les courants d’air qui le ballotaient dans toutes les directions, se jouant de lui, narguant la créature qui souhaitait s’en emparer. Ils décidèrent de ne laisser aucun répit au pauvre flocon et la créature se lança à sa poursuite, slalomant entre les troncs immenses des arbres, sautant par-dessus les rochers, trébuchant dans les ruisseaux qui n’avaient pas gelés. Elle ne le laisserait pas s’échapper, lui, le seul flocon qu’elle avait vu en plusieurs semaines. L’hiver ne semblait pas vouloir arriver cette année, gardant les températures de l’automne, faisant fondre la neige dans les nuages pour qu’ils ne tombent que sous forme de gouttelettes. Ce flocon était comme elle, dernier de son espèce et elle voulait l’avoir pour elle seule, le garder, pour que jamais ils ne se sentent esseulés.
Elle le pourchassa longtemps, elle ne fit pas attention où elle allait et se retrouva bientôt en bordure de forêt, où elle finit par capturer sa proie, abandonnée des courants lassés. Elle savait ses petites tiges glacées fragile, si fragiles et déjà si estropiées et c’est avec délicatesse qu’elle ouvrit ses mains blanchâtres, et le flocon, libéré de sa prison de chair, s’envola à nouveau. La créature geignit. Sa proie ne voulait pas d’elle et…
Elle leva les yeux. Elle avait été trop loin, beaucoup trop loin et ce n’était pas bon. Quelqu’un l’observait depuis un balcon. Un humain. Enfant. Les yeux écarquillés, ne pouvant croire à ce qu’il voyait, debout près du ruisseau, en bas de chez lui.
La créature tressauta, retint un cri. Jamais elle ne devait aller aussi loin, et pour cette unique raison : ne pas être vue. Les vents l’avaient trompée, guidée là où il ne fallait pas.
L’enfant lui hurla quelque chose dans ce langage qu’elle ne comprenait pas, avant de disparaître à l’intérieur de son abri éclairé de mille couleurs emprisonnées dans de petites boules transparentes. C’était hypnotique, jamais elle ne s’était aventurée aussi près de ces décorations qui ornaient le village en hiver et qu’elle n’avait vu que de loin, perchée au sommet d’un arbre.
Le flocon réapparut dans son champ de vision, l’arrachant à ses contemplations, qu’elle oublia bien vite, souriante, partant de nouveau en chasse, claquant des mains à tout-va, dans le vain espoir de s’en emparer.
Un second flocon voleta vers elle, puis un troisième et même un quatrième. Malgré les hautes températures, ils avaient su rester tels qu’ils étaient pour venir tenir compagnie à leur semblable. La créature baissa les bras avec une moue indescriptible. Elle n’avait plus besoin d’attraper sa proie, elle n’était plus seule à présent, contrairement à elle.
Et si… Et si elle aussi, n’était pas la dernière de son espèce, à l’instar du flocon difforme ? Peut-être se cachaient-ils, l’attendaient, viendraient la rejoindre tôt ou tard ? Et qu’ils seront comme ces flocons qui bientôt recouvrirait tout le village de leur blanche couleur, attendant seulement le meilleur moment pour naître dans ce monde.
Les flocons touchèrent le sol et fondirent, incapable de survivre à cette température qui ne voulait pas encore d’eux.
Elle était arrivée trop tôt ici, trop impatiente, mais son temps n’était pas encore venu. Il lui fallait repartir, fondre pour se reformer, et revenir, lorsque le monde voudrait d’elle.
Lorsque l’enfant arriva enfin, la créature avait disparu.
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Koelia As de l'acrylique Date d'inscription : 28/05/2013 Age : 46 Localisation : en exil
| Sujet: Re: Noël au balcon Sam 09 Jan 2016, 21:50 | |
| Les deux textes sont très réussis, je trouve, chacun à sa manière décrivant bien un Noël plus chaud que prévu. Celui de Lehanna est âpre et dérangeant, dans le bon sens, il fait réfléchir. Celui de Maeleo est plus mystérieux, et l'idée de la créature étrange témoin fasciné des festivités m'a plus fait rêver. D'où mon choix pour le texte de Mae. |
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Lehanna Grand artiste du pinceau Date d'inscription : 07/10/2011 Age : 27 Localisation : Nord (59)
| Sujet: Re: Noël au balcon Dim 10 Jan 2016, 12:47 | |
| Alors j'ai beaucoup aimé ton texte et la magie que tu lui as donnée. C'est vrai que ton approche du texte est diamétralement opposée de la mienne. J'ai tout de suite été fascinée par ta créature et la seule chose que je reprocherais à ton texte c'est que je reste sur ma faim concernant sa nature. Mais d'un autre côté... d'un autre côté ça permet de préserver cette dimension de rêve et de faire fonctionner l'imagination du lecteur, donc c'est au final tout de même un bon parti pris. Après je trouve que la "chaleur" du temps s'efface un peu, ou est comme diffuse, je ne sais pas trop comment m'exprimer... Disons que pour moi, un Noël chaud ne voit pas de flocons. Sinon au niveau du style, tu sais que j'aime beaucoup et celui-là ne fait pas exception. |
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Lehanna Grand artiste du pinceau Date d'inscription : 07/10/2011 Age : 27 Localisation : Nord (59)
| Sujet: Re: Noël au balcon Mar 12 Jan 2016, 18:09 | |
| Personne ? |
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Maeleo As de l'acrylique Date d'inscription : 17/10/2012 Age : 26 Localisation : dans ma bulle
| Sujet: Re: Noël au balcon Mar 12 Jan 2016, 23:27 | |
| Si moi, mais juste pour commenter (mais c'est déjà bien) J'ai adoré ton texte, les descriptions et les retranscriptions de la chaleur sont superbes et le point de vue adopté est original, ce pauvre gosse qui lutte pour survivre dans ce monde où il est battu et où il n'arrive pas à trouver assez à manger, ce qui tranche avec la magie de Noël. Comme dit Koe, c'en est presque dérangeant, dans le bon sens du terme. Rien à dire au niveau du style, tu sais depuis longtemps que je l'aime beaucoup aussi ! Bref, bravo pour ce texte une nouvelle fois magnifique !
Et pour te répondre, le fait qu'on ne sache rien de cette créature vient du fait que je suis dans ma phase abstraite, j'aime ne donner aucune information (et ça se voit, si on regarde bien mes dernières battles :3) |
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SundaySims Animateur Date d'inscription : 22/10/2015 Age : 30 Localisation : Entre ici et là-bas
| Sujet: Re: Noël au balcon Mer 13 Jan 2016, 09:33 | |
| Vos textes sont très bien ! Le thème et la contrainte sont respectés dans les deux. Mae : j'aime le côté magique et mystérieux de ton texte, on s'attache dès le début à ce petit être qui croit être la dernière de son espèce et qui elle, s'attache à ce flocon. Le fait que tu ne donnes pas d'information sur cette créature, d'où elle vient, qui est elle, à quoi elle ressemble, ça ma permis de me faire ma propre image du personnage. C'est quelque chose que j’apprécie beaucoup dans le genre littéraire fantastique. Lehanna : le tien est beaucoup plus sombre et triste mais je sais pas pourquoi je suis fan de tes textes, j'adore les lire. Celui-la est dérangeant, obscure. Il y a un énorme contraste entre ce petit qui doit se battre pour un quignon de pain et cette période où tout est beau. Ça change des textes où tout doit être absolument magnifique et magique pendant Noël. - Et mon vote est pour ....:
Lehanna !
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Lehanna Grand artiste du pinceau Date d'inscription : 07/10/2011 Age : 27 Localisation : Nord (59)
| Sujet: Re: Noël au balcon Jeu 14 Jan 2016, 13:17 | |
| Merci pour vos commentaires |
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Pyrénéa Maitre bâtisseur Date d'inscription : 07/09/2012 Age : 51 Localisation : Pas dans les Pyrénées
| Sujet: Re: Noël au balcon Dim 24 Jan 2016, 17:47 | |
| Quelle imagination, les filles ! Et quel style ! C'est un véritable plaisir de vous lire ! Mae, c'est vrai qu'on ne sent pas trop la "chaleur" de ce Noël vu qu'il fait assez froid pour que quelques flocons tombent mais par-contre, j'ai adoré le fait de ne rien savoir de cette créature blanche ! Leha, j'ai cru être transporté à une époque ancienne alors quelle surprise pour moi, cette femme qui téléphone en pleine rue ! Ca rend ton histoire d'autant plus triste. Pauvre gosse qui se croit lâche alors qu'il n'est qu'un enfant seul ! Merci à toutes les deux ! Je n'aurais pas su pour quel texte voter, franchement |
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Lehanna Grand artiste du pinceau Date d'inscription : 07/10/2011 Age : 27 Localisation : Nord (59)
| Sujet: Re: Noël au balcon Dim 24 Jan 2016, 19:50 | |
| Merci Py pour ce commentaire Je suis vraiment contente que ça te plaise. J'espère que mon interprétation n'a pas effacé le thème en fin de compte |
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| Sujet: Re: Noël au balcon | |
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