Quel texte respecte le mieux le thème et la contrainte ?
Celui de SundaySims
25%
[ 1 ]
Celui de VieuxFranz
75%
[ 3 ]
Total des votes : 4
Sondage clos
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Mad
Animateur Date d'inscription : 05/05/2013 Age : 37 Localisation : Ici ou là... ou ailleurs
Sujet: Nouvelle vie Sam 04 Juin 2016, 12:32
Il est temps de voter pour la battle!
Thème: Nouvelle vie Contrainte: mettre en avant les sentiments des protagonistes Limite : entre 800 et 1 500 mots
Vôtre rôle si vous l'acceptez est de voter pour la création qui selon vous incarne le mieux le thème tout en respectant la contrainte.
Les votes sont ouverts jusqu'au 11/06/2016
Voter c'est bien MAIS laisser un commentaire c'est bien mieux
SundaySims :
J’aurais sûrement dû rester au fond du lit ce matin cependant je me retrouvai assis sur un fauteuil en cuir noir au milieu d’un grand bureau vide, froid et dépourvu d’objet personnel. Seule une petite photo de famille était posée négligemment sur le coin d’une étagère près d’une bouteille de bourbon Elijah Craig de 12 ans d’âge. L’imposant bureau en bois de cerisier installé au milieu de la pièce diffusait un léger halo de chaleur et rendait l’ambiance un peu moins glaciale. En arrière-plan, on pouvait apercevoir tout Paris par des immenses baies vitrée, je n’avais encore jamais remarqué cette vue pourtant j’étais venu des centaines de fois dans ce bureau. J’avais conclu des gros contrats, assis sur ce même fauteuil, fait gagner des millions à cette société et même licencié des personnes à tour de bras aussi facilement que l’on jette un Kleenex à la poubelle.
Cette fois-ci c’était mon tour, mon interlocuteur, un petit bonhomme aux cheveux gominés et laissant apparaître un semblant de nervosité, ventait mes exploits et mon sens incroyable des affaires depuis dix minutes. On aurait presque cru qu’une promotion était sur le point de me tomber dessus. Sauf qu’une petite chose lui avait échappé, cette technique je l’avais employé des centaines de fois et ce n’était certainement pas pour donner une promotion. L’idée qu’il me faisait un canular me traversa l’esprit et je ne pouvais m’empêcher de penser que la chute allait tomber d’un instant à l’autre.
Grossière erreur de ma part.
A cet instant, la colère commença à monter en moi. Je senti littéralement le sang bouillir dans mes veines, mes articulations se rigidifièrent, mon souffle devins plus cour et mon cœur ne cessa de battre encore plus vite. Mon corps, diriger par une violente rage, se leva d’un seul bon et se jeta sur lui avec un élan de fureur.
En y repensant je n’aurai peut-être pas dû réagir comme ça, mais que voulez-vous, après quinze ans de bons et loyaux services, toute une vie à ses côtés, je n’avais pas supporté de me faire jeter à la porte comme une merde.
Quoi qu’il en soit, je fus raccompagné à l’entrée par deux armoires à glace en suscitant la frayeur ou l’indignation sur mon passage. Je déambulai tel un monstre de foire dans un dédale de couloirs aussi austères que le bureau que je venais de quitter. Les persiflages de mes futurs ex-collègues s’élevaient déjà au loin et faisait siffler mes oreilles.
Une fois dehors, je me senti comme libéré d’un poids. Etrange sentiments auquel je ne m’attendais pas, le doute et la peur auraient dû m’envahir, il me serait sûrement impossible de retrouver du travail dans cette ville, ni partout ailleurs. A l’instant où je quittai la pièce, cet abruti dut me griller de tous les côtés en racontant comment il a été sauvagement attaqué par son plus ancien collègue et ami. Mais au contraire, une vague de liberté se déployait en moi, me plongeant dans une gaité surprenante. J’étais heureux d’être renvoyé.
En franchissant le pas de la porte, mon regard se posa sur une belle femme blonde qui attendait adosser à l’ilot centrale de la cuisine en tapant du pied nerveusement. J’ai d’abord cru qu’elle fulminait contre l’autre con, mais en l’a voyant les bras croisés, les traits fins de son visage crispés et un regard à vous glacer le sang, j’eus tout de suite compris que la journée allait être plus éprouvante que prévu.
Assied-toi il faut que l’on parle, me dit-elle d’un ton sec.
J’obéis comme à un enfant à qui l’on demande d’aller se coucher et sans un mot je m’assis sur le tabouret de bar en face de moi. Un tsunami arrivait à l’horizon et rien ne pouvais m’aider à l’esquiver. Comme une vague qui vous submerge d’un seul coup, elle m’assaillit de reproches.
- J’en peux plus de toi, Franck, tu n’es jamais là, tu ne t’occupes jamais de nous ! Depuis combien de temps tu n’as pas fait quelque chose avec les filles ? Depuis combien de temps nous ne sommes pas allés au restaurant ou au cinéma. Tout ce qu’il t’intéresse c’est ton boulot, ton business et gagner encore et toujours plus de fric !
Je n’en croyais pas mes oreilles, une scène se jouait dans ma cuisine, j’avais un rôle important et pourtant je restais prostré sur mon strapontin comme un simple spectateur attendant le dénouement final.
- Arnaud m’a appeler, il parait que tu lui as cassé le nez. - Chérie, il était en train de me foutre à la porte, t’aurais voulu que je lui claque un bisou sur la joue ? - Ce n’est pas tout Franck, je vais partir et je prends les filles avec moi.
Seconde vague.
- Il faut que je dise… Arnaud et moi, nous nous voyons depuis quelque temps. Il ne s’est encore rien passé mais, je ne sais pas il est gentil avec moi, attentionné, il m’écoute quand je parle.
Le flot se retira comme il était venu, détruisant tout sur son passage. La femme qui dormait avec moi chaque nuit depuis vingt ans, mon épouse, ma compagne de vie, celle qui avait juré fidélité devant un foutu prêtre, venait de m’annoncer qu’elle me quittait parce que j’étais trop absent et qu’en plus elle se tapait mon meilleur ami. Le même qui m’avait mis à la porte ce matin. J’aurais dû lui casser plus que le nez à cet enfoiré.
En une fraction de seconde ma vie avait basculé dans l’horreur, tout ce que j’avais bâtis pendant des années et que j’avais cru solide comme un roc s’était en réalité effondré devant moi comme un château de carte.
Me voilà donc face à la penderie de la chambre, contraint de faire rentrer vingt ans de ma vie dans une valise. Je devrais me sentir triste, ivre de rage ou anéanti mais rien ne se passait à l’intérieur. Je trouvais même cette situation plutôt cocasse, j’étais devenu en l’espace d’une journée un cliché des séries TV. L’affiche apparaissait déjà dans ma tête : Franck, 40 ans, trahi par ses proches, s’enfui sur une île déserte pour finir son existence seul. Enfin libéré de toute cette mascarade tout me paraissait désormais possible. Une sensation d’invincibilité m’envahis. Je ne ressentais aucune colère contre eux, pourtant ce n’était pas l’occasion qui manquait. Peut-être qu’au fond je n’étais pas heureux, que ces personnes ne valaient plus rien à mes yeux. Un nouveau départ s’offrait à moi, d’ailleurs j’avais toujours rêvé de me faire dorer la pilule à l’ombre des cocotiers, une Margarita à la main.
Ma vie avait tout d’une réussite. J’étais marié à une splendide femme qui m’avait donné deux belles filles. Mon meilleur ami d’enfance avait monté son affaire à laquelle j’avais participé avec beaucoup d’enthousiasme et nous étions devenus les meilleurs sur le marché. Tout était parfait dans un parfait.
Et bien je ne m’étais jamais autant trompé.
Nouveau départ - VieuxFranz :
« It's a new dawn, it's a new day, it's a new life for me... And I'm feeling good, oh I'm feeling good, good, good, oohhh... »
Oh, Nina Simone, veux tu bien cesser de résonner dans ma tête, s'il te plaît ? Parce que, question nouvelle vie, je te suis bien. Mais pour ce qui est de me sentir bien, c'est une autre histoire. Je n'en sais rien strictement rien, paralysé ou presque que je suis par les circonstances et leur enjeu . Mais je devrais peut-être reprendre mon histoire. A son début, par exemple.
Nous étions mille cinq cents. Mille cinq cents candidats pour trente places. Tous diplômés, qui en ingénierie, qui en biologie, qui en énergétique, qui en médecine, et que sais-je encore. Tous en parfaite forme physique. Tous âgés de moins de trente ans. Et, du moins je le suppose, tous aussi tendus que moi. Je veux dire, l 'aventure, la grande, commençait là, le résultat de mois de préparation, et tout allait se jouer en deux malheureuses petites semaines. Je ne sais pas si j'étais plus impatient de savoir que terrifié à l'idée d'échouer, mais je sais que jamais je n'avais tant tremblé. Du moins intérieurement, parce qu'il était hors de question de laisser voir quoi que ce soit. Pas de faiblesse visible. Aujourd'hui, tout commence.
Nous serons les Pionniers. Les Pères et les Mères fondateurs. Les trente éclaireurs qui partiront préparer la base de la première colonie humaine hors la Terre. Les trente fous qui, dans un vaisseau chargé de près de huit cents tonnes de matériaux et matériels, embarqueront pour un voyage sans retour de près de trois ans, pour au final ne plus jamais voir le soleil. Ne plus voir aucun soleil, d'ailleurs.
Lorsque mon dossier fut retenu pour les dernières sélections, parmi les trois cent trente milles autres reçus par l'agence spatiale mondiale, j'ai exulté. J'ai crié, sauté, hurlé, appelé les copains et copines et improvisé une fête à tout casser. D'un côté, c'était la possibilité de réaliser le rêve de ma vie, et je pleurais de joie. D'un autre, si je réussissais, je les voyais pour la dernière fois, et ils pouvaient faire leur deuil de moi, et moi d'eux, et je pleurais déjà cette déchirure. Joie intense et douleur poignante, toutes deux mêlés dans le goût amer de mes larmes.
Les deux semaines de tests sont derrière moi, aujourd'hui. J'ai réussi.Et pourtant, je ne jubile pas. Plus. Passé le quart d'heure de bonds incontrôlés et d'embrassades avec les autres « élus », le sérieux est à nouveau de mise. Nous sommes passés à travers deux semaines de doutes, de souffrances, de concentration, et surtout d'anxiété, chacun se posant LA question : mon nom figurera-t-il sur la liste des éliminés du jour ? Ici, ce n'est pas un de ces stupides jeux de télé-réalité ! Etre éliminé, certes, n'implique que de rentrer chez soi. Avec ses rêves à jamais brisés. Il n'y a pas de seconde chance. Et puis il reste la peur. Je me demande si tous ces tests n'étaient pas là pour ça. Pour juger de nos réactions face à elle. Je pense que nous avons surtout appris à la dompter, à contrôler ces vrilles d'angoisse qui nous tordaient l'estomac, à gérer notre panique intérieure et quotidienne. Malgré la fatigue. Malgré la douleur. Malgré les doutes. Et quels doutes ! Au bout du compte, ce que nous allons tenter, nul ne l'a jamais réalisé. Et si nous échouons, c'est la mort.
Et pourtant, aucun de nous n'est suicidaire. Ni psychopathe. Ni sociopathe, ce qui serait le pire. Bien au contraire, nous formons une joyeuse bande de jeunes gens, quinze hommes et quinze femmes (on se demande bien pourquoi!), amoureux de la vie, du futur, de cet étrange concept que l'on nomme « humanité » et que le projet « Europe » tente de sauver. Forer la glace. Douze mille mètres de glace. Quatre fois plus que notre essai sur le lac Vostok, dans l'Antarctique. Créer le « tube de descente » avec le foreur à propulsion nucléaire. Créer une ville sous-marine. Le tout, sur un satellite de Jupiter.
Non, nous ne sommes pas fous. Nous avons les moyens financiers de réaliser ce projet. Nous avons la technologie. Nous avons la Terre entière derrière nous. Car la Terre se meurt. Nous l'avons détruite, avec notre avidité, notre cupidité et notre incapacité à voir plus loin que le bout de notre nez. A chaque fois que je repense aux deux siècles maudits, de 1830 à 2030, j'enrage. En deux cents malheureuses années, l'homme a détruit ce que la nature avait mis quatre milliards d'années à créer. Choquant, répugnant et irréversible. Et maintenant, c'est à nous trente d'essayer de mettre en place le seul refuge que nous ayons. Europe. Un océan viable sous la glace d'un planétoïde de 3700 kilomètres de diamètre. Glacé. Tâche exaltante et terrorisante. Si nous échouons, si nous ne parvenons pas à prouver la faisabilité de cette cité sous-marine, à créer l'avant-poste, nous mourrons. Et l'humanité avec nous. Elle agonisera juste un peu plus longtemps que nous.
Ca y est. La peur me reprend. Le lanceur va décoller, je suis sanglé à mon siège. Dehors, j'ai vu le soleil pour la dernière fois. Et cet air qui ne quitte pas ma tête. Nina, s'il te plaît...
« It's the last dawn, it's the last day, it's a new life for me... And I'm feeling scared... Oh I'm feeling scared, scared, so scared, oohhhoohhh. »
BO à écouter en lisant:
Chanchan24
Chasseur de trésors Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 33
Sujet: Re: Nouvelle vie Sam 04 Juin 2016, 20:48
J'ai bien aimé les deux textes portant sur des sujets différents, mais tout aussi bien écrit l'un que l'autre. Dans chacun des textes, on comprend tout à fait le thème. La contrainte est aussi respecté dans les deux cas. On se mettrait presque à leurs places.
Par rapport à la fluidité du texte et au sujet qui est pour moi plus inédit, je vote pour VieuxFranz. Bravo à tout les deux en tout
Maeleo
As de l'acrylique Date d'inscription : 17/10/2012 Age : 26 Localisation : dans ma bulle
Sujet: Re: Nouvelle vie Sam 04 Juin 2016, 23:04
Sunday : Eh bah, ça pour être une nouvelle vie, c'est une nouvelle vie, le pauvre vieux à tout perdu en une seule journée, il aurait dû rester couché On ressent bien les sentiments de ton personnage qui d'ailleurs ne sait pas lui-même ce qu'il ressent réellement, partagé entre la tristesse, la rage et paradoxalement, le bonheur. Attention cependant aux fautes d'orthographe et de grammaire, rien de grave, mais ça rendrait ton texte encore plus plaisant à lire
VieuxFranz : Un sujet totalement différent, que j'apprécie tout particulièrement d'ailleurs ! Ton texte est fluide, et bien écrit, les sentiments de ton personnage sont bien retranscris, entre joie de quitter la terre dans une mission aussi importante, tristesse de quitter ses amis et peur d'échouer, on comprend ce qu'il ressent.
Je vote pour VieuxFranz, j'ai préféré sa façon de traiter le thème, mais bravo à vous deux
SundaySims
Animateur Date d'inscription : 22/10/2015 Age : 30 Localisation : Entre ici et là-bas
Sujet: Re: Nouvelle vie Lun 06 Juin 2016, 09:40
Merci pour vos commentaires les filles ! Comme tu dis Mae, le pauvre vieux ! Je voulais vraiment qu'il en bave mais, aussi qu'il réagisse d'une manière inattendue, qu'il ne soit pas accablé par le chagrin et qu'il soit surpris de sa réaction. Mon orthographe et ma grammaire ont encore fait des siennes... Pourtant, je l'ai relu des dizaines de fois et passer dans un correcteur orthographique.... C’est qu’ils sont coriaces !
VieuxFranz, J'ai adoré ton texte ! C'est fluide, l'idée est super, on ressent très bien la peur et l’excitation du personnage. Et la BO... Une de mes chansons préférées ! Au début j'ai eu une idée un peu similaire, avec une histoire de catastrophe nucléaire qui avait ravagé la Terre et quelques survivants qui avaient le devoir de fonder une nouvelle civilisation un peu moins stupide que la première, qui ne s’auto détruira pas... En tout cas bravo !
SundaySims
Animateur Date d'inscription : 22/10/2015 Age : 30 Localisation : Entre ici et là-bas
Sujet: Re: Nouvelle vie Mer 08 Juin 2016, 15:16
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Fuyaya
Admin Date d'inscription : 29/09/2009 Age : 44 Localisation : Aubais
Sujet: Re: Nouvelle vie Sam 11 Juin 2016, 19:07
Me voilà, je rejoins ce qui a été dit sur la qualité de l'écriture. On a des styles très différents et je me suis donc bien focalisée sur le thème qui est celui des sentiments des protagonistes.
Sunday tu as une écriture qui plante le décor, j'étais avec lui dans le bureau je le visualisais bien. Au final une écriture graphique car tu plantes le décor. Effectivement on a des sentiments puissants mais c'est par vague avec les descriptions qui marquent des pauses.
Franz quant à toi si j'ai des images c'est par associations d'idée du thème celui de la colonie et la perspective futuriste. Mais cela restait flou car c'est les sentiments que j'ai bien ressentis passé et futur qui s'enchainent comme des hauts et des bas.
C'est donc pour ces raisons que j'ai voté pour Franz