[Challenge]Famille Gauthier

6h du matin à Starlight Shores.
De retour de Shang Sim La, Cerise et Reda finissaient leur route en direction de leurs proches.
Le couple, impatient de retrouver leurs enfants, avait accéléré, et même s'ils étaient maintenant au-dessus de la limite autorisée, cela leur importait peu.

Après avoir franchi le seuil de la maison, la joie éclata.
-Maman !
-Mon chéri ! Ça a été avec Kathleen ?
-Sage comme une image ! Elle m'a juste fait une crise hier soir parce qu'elle voulait sa Maman et son Papa, mais elle était épuisée et elle s'est calmée dès que je l'ai mise au lit.
-Bon, ça aurait pu être pire !

-Et toi, ma choupinette ! Tu m'as manqué tu sais !
-Maman ! Je t'aime !
-Oh ma chérie... C'est que tu parles drôlement bien maintenant !
-C'est Matthis qui m'a appris !
-Alors c'est un super grand frère ce Matthis, pas vrai ?
-Viiiii !

-Alors mon grand, qu'est-ce que tu penses de cette acquisition chinoise ?
-J'adore, c'est trop de la balle ! Comment je kiffe grave trop...
-Et ton langage, tu l'as oublié en primaire ?
-Si c'est ça, il doit y avoir une pièce spéciale là-bas pour ça, moi j'dis.

-Mon sultan!Ça fait plaisir de te retrouver !
Le cheval hennit. Apparemment, retrouver sa maîtresse lui faisait plaisir.

-Mon papa ! Ouais !
-Ça va ma poupée ?
-Oui! C'est trop bon !
-Ah... C'est sûr ça.

-Mmh... Dodo...
-Oui ma belle. Je t'ai jamais vu aussi fatiguée que ça. En plus demain...
La petite fille sursauta.
-Niversaire moi !!! s'exclama t-elle.
-Bah voyons ! T'es fatigués quand tu veux toi ! répliqua Cerise en riant.
Kathleen éclata de rire. La bambine aimait reproduire les gestes de sa maman, et cela ne changerait pas avec le temps.

Cependant, la fatigue l'emporta sur l'euphorie et elle s'endormit immédiatement après le départ de Cerise.

---

Dans la nuit, cette dernière se leva plusieurs fois ; ce n'était pas à cause des pleurs de la petite fille, mais elle avait été prise par des vomissements soudains. Vomissements qu'elle avait cependant pris à la légère : « J'ai du manger un truc pas frais hier soir » , se répétait-elle sans cesse dans sa tête.
Le lendemain matin, on fêta l'anniversaire de la petite Kathleen.

-Alors choupette ? T'es prête à souffler ?
-J'ai peur... lâcha timidement la reine du jour.
-Bah pourquoi tu as peur ?
-Je sais pas...
-Bon... tu veux que je te donne la main, peut-être ?
-Vi !
-Ah ! C'est parti mon kiki !

-Fff...
-Allez ma grande ! C'est super !
-Oui ma chouquette ! Encore un peu et ce sera bon !
-Hi hi hi ! Niversaire moi !

Après quelques secondes passées à souffler, la chouquette put enfin se transformer en une jolie petite fille....

… que voici. Elle est notamment très fière des nattes faites par sa maman chérie.

Après avoir dégusté le gâteau, la chouquette essaya le chevalet offert par ses parents en guise de cadeau d'anniversaire. Cela semblait beaucoup lui plaire.

Dans l'après-midi, les deux adultes s'assirent à table, un café à la main, pour parler de tout et de rien – du moins, c'était leur intention première.
-Alors ma chérie ? Des choses à raconter ? entama Reda.
-Euh... Plus ou moins oui.
Reda se tut un instant. Il ne s'attendait pas du tout à une réponse de ce genre.
-Mon chéri... 
Reda regardait Cerise avec inquiétude. Au vu du ton sur lequel elle lui parlait, la nouvelle lui faisait peur.
-Je suis enceinte, mon chou. 
-Arrête... je te crois pas.

Il se leva, et posa son oreille contre le ventre de sa femme. Il sentit des coups qui venaient d'un peu partout, et c'est à ce moment-là qu'il comprit.

-J'y crois pas... On va être trois fois parents !
-T'es content ? 
-Bien sûr que je suis content ! Ça me fait juste... bizarre.
Cerise sourit. Elle sentit qu'elle avait vraiment choisi le bon homme pour être le père de ses enfants.
-Je t'aime mon Reda.   murmura-t-elle.
Reda l'embrassa doucement. Cette fois-ci, elle en était sûre : Reda était l'homme de sa vie.

Le soir venu, le beau Matthis se rendit au bal de fin d'année. Même s'il n'avait pas réussi à trouver une cavalière, il était tout de même heureux de pouvoir retrouver ses copains pour passer une soirée avec eux.

A table.
-Bon alors ma chérie, avec papa on a quelque chose de très important à te dire...
-Han ! C'est quoi, dis ?
-Ta mère attend un bébé, ma belle. Tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur !
-Waouh, trop bien ! Ce sera une fille ou un garçon ?
-Ah ça... On ne sait pas encore. Il faudra attendre que le bébé naisse pour le savoir. En attendant... il faudrait que tu ailles au lit, d'accord ?
-Oui maman ! A demain !
Kathleen embrassa ses parents, puis monta se coucher dans sa chambre.

Quelques mois plus tard, Cerise s'était trouvée une nouvelle passion secondaire, après l'équitation : le dessin. Elle aimait passer ses journées à chercher de nouveaux concepts architecturaux, ou encore des vêtements. De plus, enceinte à présent de huit mois et demie, peu d'occupations étaient à sa portée.

L'été était enfin de retour à Starlight Shores. La terrasse extérieure avait été réinstallée, ce qui lui permettait pour son plus grand bonheur de cuisiner chaque soir un plat de hot-dogs au barbecue.

Toute sa petite famille se régalait donc, éclairée par la lumière des étoiles et de la lune estivales.

Un matin, Reda se leva à six heures, anxieux. Il entendait des cris de sa bien-aimée.
-Cerise ? Qu'est-ce qu'il se passe pour que tu cries comme ça, à cette heure-là ?

-Fff... Reda, je crois que... fff... fff... J'accouuuuuche !!!
-T... t'es sérieuse ?
-Tu crois quoi ?
-Euh... tu veux aller à l'hôpital ?
-Fff... On n'aura jamais le temps Reda ! Il soooort !!!
Fin de l'épisode 53.

Et ce fut à huit heures du matin que la petite Cassandre Gauthier naquit. Sa mère la regarda d'un sourire tendre, puis lui murmura :
-Bienvenue petite Cassandre. Je t'aime.
L'enfant sourit. 

Reda, qui avait entendu du bruit en bas, était descendu. Il aperçut alors son fils qui jouait à la console. Il l'éteignit, avant de lui crier au nez :
-Matthis ! Qu'est-ce que tu fais là encore ? Tu n'es pas censé prendre le bus pour aller en cours ?
-Papa, euh... Je pensais que... vous auriez besoin de moi... répondit-il timidement.
-Et en quoi on aurait eu besoin de toi ?
-Je sais pas... pour Maman.
-Matthis, écoute... Premièrement, c'est notre troisième enfant, on sait comment s'y prendre. Deuxièmement, tu sais très bien que ta mère n'irait jamais à l'hôpital pour accoucher. C'est contre sa nature. Enfin, imaginons qu'elle accepte d'y aller.... Tu n'as même pas ton permis !
-D'accord... On se calme... Elle s'appelle comment ?
-Ne cherche pas à changer de sujet et va en cours.
-Oui... dis-moi juste...
-Elle s'appelle Cassandre. Vas-y maintenant...
-Hein ? Cassandre ? Tu trouves pas ça un peu...
-Va en cours immédiatement, je te le redirai pas deux fois !
Matthis s'exécuta. Il ne voulait pas s'attirer encore plus d'ennuis.

De retour de l'école, alors que Matthis jouait sur sa console (encore!) , Kathleen alla chercher sa mère, et l'enlaça.
-Maman !
-Ma chérie ! Ça s'est bien passé, l'école ?
-Oui, je me fais plein de copines ! Et toi ? Papa a été sage ?
La petite fille rit.
-Bien sûr ma belle.
-Pourquoi t'as plus de gros ventre ?
-Parce que ta petite sœur est née.

-Han, trop bien ! Elle s'appelle comment ?
-Cassandre.
-C'est trop mignon ! Je peux aller la voir, dis ?
-Bien sûr !

A table, ce soir-là.
-Matthis, mon bidou, on doit te parler d'une chose. Tu sais, pour ce matin...
-Mais c'est bon, je sais déjà ! J'suis allée à la bourre au bahut et c'est tout ! Surtout le jour de la naissance de ma sœur, il y a pire quoi ! Merde !
-Tu parles pas comme ça à ta mère, de un ; de deux, fais attention à ton langage Matthis ! Tu commences à dépasser les limites là !
-Tss, vous êtes pas cools sérieux ! Béran ses parents ils s'en foutent de son langage !
-C'est pas une raison ! Imagine quand tu passeras ton entretien d'embauche, tu vas pas lâcher des grossièretés pareilles à ton patron !
-Bon OK, ça y est, je me casse. (se levant) Vous êtes contents maintenant ?
-Matthis, tu fais quoi là ? Tu peux m'expliquer ?
Il ne répondit pas. L'adolescent courut vers sa chambre ; il s'effondra sur son lit et fondit en larmes. Sans doute regrettait-il ses paroles ; cependant c'était fait et il ne pouvait plus revenir en arrière. 
Il s'était allongé à vingt-deux heures ; il s'endormit à deux heures. 

Quant à Kathleen, elle s'était endormie sans problèmes, bien loin de tous ces soucis relationnels.

Cassandre réveilla ses parents trois fois dans la nuit. Ces réveils à répétition, additionnés avec les tensions de la veille, baissaient considérablement le moral du couple ; mais la vue du sourire du bébé affamé suffit à combler Reda.

Le lendemain matin, Kathleen, seule pensionnaire à avoir eu une nuit sereine, se réveilla tôt. Elle ne voulait absolument pas gâcher ce jour de journée des loisirs : jouer aux cubes était une activité bien plus intéressante que la nuit, selon elle.

Elle s'amusa ainsi sur les cubes toute la matinée, enchaînant les constructions toutes plus admirables les unes que les autres.

Cerise était partie au centre d'entraînement équin de la ville. Cela lui permettait non seulement d'améliorer ses compétences, mais aussi de passer outre le courroux de son fils.

Privé de sortie, ce dernier avait tenté de s'occuper de sa petite sœur : cette dernière n'avait pas l'air très motivée par les multiples biberons que son frère lui donnait. Au bout du quatrième biberon repoussé par l'enfant, il craqua :
-Mais putain, qu'est-ce qu'elle veut encore celle-là ! Je t'ai donné dix mille biberons et tu chiales toujours ! Tu veux quoi là, sérieux !
-Ho, qu'est-ce qu'il se passe là-haut ?
-C'est la petite, je sais pas ce qu'elle veut !
-Bouge pas, j'arrive !

-Là ma chérie... Chuuut...
-Elle est pas supportable c'te gamine !
-Mais non Matthis, c'est juste toi qui sais pas comment t'y prendre.
-Bah sympa... Dis que je suis nul aussi, hein...
-Tu sais très bien que je veux pas dire ça. Arrête de voir des sous-entendus partout, s'il te plaît.
-Et toi arrêtes de mentir !

-Bon écoute, je veux bien essayer d'être patient comme je peux, mais là franchement, tu vas trop loin. On a un bébé dans la famille et c'est pas le moment de s'engueuler... tu crois pas ?
-Non. Bébé ou pas, je vois pas le problème...
-Tu ne mûriras donc jamais ? Je pensais que t'étais cool, que t'aimais les enfants... En fait non ! Tu me déçois, réellement.
-Kath, elle était sympa elle au moins ! Et puis elle savait parler quand je l'ai gardée ! Alors qu'elle... elle fait que pleurer toutes les deux secondes, y en a marre quoi !
-Il faudrait vraiment que tu apprennes à patienter. Tu comptes avoir des enfants plus tard ?
-Non. Autant garder ma liberté si c'est pour ça...
-Je vois... Ecoute, fais comme tu veux. La discussion est close. Va dans ta chambre !
-Bonne idée, c'est rare de ta part !
-Répète un peu ?!
Trop tard ; Matthis était déjà descendu à vitesse grand V dans sa chambre.

Histoire de se détendre après cette dispute, Reda sortit dans le jardin et commença une nouvelle toile.

Quelques temps plus tard, Cerise sortit d'un concours ; elle avait fini troisième, ce qui est une très bonne place.

Lorsqu'elle rentra, Reda était déjà couchée. Elle s'empressa de le rejoindre. Celui-ci lui glissa à l'oreille :
-On s'est encore engueulés avec Matt...
-Qu'est-ce qu'il s'est passé encore ?
-J'ai l'impression qu'il s'entend pas bien avec sa sœur...
-Kathleen ? Pourtant ça s'est super bien passé entre eux pendant qu'on était en Chine...
-Non, c'est Cassandre... Je te raconterai ça plus tard... Je m'endors là...
-Pas de problèmes chou. A demain. Je t'aime...
-Je t'aime aussi ma chérie...
Il déposa un tendre baiser sur son front, puis s'endormit. 

Le lendemain matin, les deux aînés de la famille prirent leur petit-déjeuner ensemble.
-Dis, Matthis... Tu la trouves pas trop mignonne Cassandre ?
-Honnêtement, non.
-Bah, pourquoi ? T'as pas vu sa petite bouille trop choupi ?
-Si bien sûr, mais... Elle m'a hurlé dessus un bon moment hier, c'est pas super tu vois.
-C'est clair. J'ai pas envie d'aller en cours aujourd'hui, là... Ça me saoule.
-Je te comprends trop...

Ses deux enfants partis, Cerise s'occupa de ses chevaux : elle leur cura les sabots, puis brossa leur robe.

Pendant ce temps, Reda plaça Cassandre sur la balançoire reçue à l'instant. Il resta devant elle à l'admirer, un sourire béat aux lèvres.

Mais la petite poupée, bercée par la musique de la balançoire, s'endormit rapidement.

Cela permit à son père de s'adonner encore une fois à sa passion pour la peinture.

Kathleen ramena de l'école un ami du nom de Romain. Ils discutèrent de tout et de rien pendant la soirée.

Cerise tira sa petite dernière de la balançoire lorsqu'elle avait fini sa sieste. Après l'avoir prise dans ses bras, elle la serra contre elle.
-C'était vraiment une bonne idée la balançoire, murmura-t-elle dans l'oreille de sa fille. Je vois que tu adores ça...
Cassandre gazouilla, en signe d'acquiescement. Cela fit sourire sa mère, qui lui chuchota avec beaucoup de tendresse :
-Mon bébé... Qu'est-ce que je t'aime, tu sais...

Matthis se proposa même pour donner le biberon du soir à sa petite sœur. Peut-être regrettait-il ses actes de la veille ; en tout cas, sa haine pour elle n'était peut-être que passagère.

Le lendemain matin, Cerise fit souffler les bougies à sa fille...

… qui se prépare à devenir bambine. Bon anniversaire petite Cassandre.
Fin de l'épisode 54.