| | [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire | |
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Phinae As de l'acrylique Date d'inscription : 29/09/2011 Age : 59 Localisation : entre 2 champs de maïs du sud-ouest
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mar 11 Juin 2013, 19:18 | |
| Maintenir le suspense tout au long d'une histoire
_____________________ Le suspense, dans un récit, a une importance essentielle. C’est le moteur de l’histoire, celui qui la fait évoluer et qui retient le lecteur ou le spectateur.
Cassie en a déjà parlé en vous donnant des trucs de rédaction utiles pour le créer.
Ici, j’expose des techniques pour le développer, le maintenir, le faire durer d’un bout à l’autre d’une histoire. Ce n’est pas une liste exhaustive, on peut sûrement en trouver d’autres. Je me base sur mon propre vécu, sur ce que j’ai déjà tenté moi-même (avec des résultats très intéressants, j’avoue), et sur mes souvenirs de lectrice et de spectatrice.
Si vous êtes comme moi passionné de romans policiers, ou si vous aimez les séries télé et le cinéma, vous avez forcément déjà remarqué que les auteurs et scénaristes utilisent constamment les mêmes ficelles pour tenir en haleine leur public. Faisons le point ici.
Et d’abord : où commence le suspense ?
Dans toute histoire, il y a du suspense, quel que soit le thème, même le plus banal en apparence. L’histoire commence avec le préparatif d’un voyage ? C’est du suspense : comment se déroulera le voyage ? Qui va-t-on rencontrer durant le trajet ? Peut-être y aura-t-il des contretemps ? etc.
L’un des personnages monte au grenier et découvre une vieille malle recouverte de poussière : que contient-elle ? C’est du suspense ! La carte d’un trésor ou des chiffons bons à jeter ? Tout est possible à ce stade ! Le héros a un rendez-vous ? (professionnel, amical, amoureux... peu importe) : c’est du suspense ! Fera-t-il bonne impression ? La personne ou les gens qu’il doit rencontrer viendront-ils aussi, comme prévu, ou pas ? Saura-t-il convaincre, séduire ? L’entente sera-t-elle bonne ?
Tout est prétexte dans un récit à créer du suspense. Le moindre évènement qui est annoncé et décrit dans le cours du récit est un suspense. On peut créer du suspense autour de n’importe quoi, à partir du moment où cela sert l’intérêt du récit : le simple fait qu’une fille se demande comment elle va s’habiller pour sortir et hésite devant sa penderie grande ouverte est un suspense ! (N’est-ce-pas mesdames et mesdemoiselles...).
En décrivant les hésitations de cette fille devant son armoire, son trac ou son impatience à se préparer, on introduit la suite du récit, c’est un hors d’oeuvre, une mise en bouche qu’il faut soigner pour donner envie de lire la suite. Ça met le lecteur (ou le spectateur) en condition. S’il a bien compris que la fille a envie d’être à son avantage mais a pris dix kilos suite à une peine de coeur et ne rentre plus dans ses fringues, et si c’est bien raconté, il éprouvera pour elle une compassion qui le fera s’attacher à ce personnage, et le poussera à vivre pleinement avec elle le rendez-vous qui suivra : et là vous avez embarqué votre lecteur dans votre récit, vous avez réussi votre coup (du moins, jusqu’ici). Tout est parti de ce petit moment de suspense et d’angoisse, devant l’armoire.... qui en amène un autre : celui concernant le déroulement du rendez-vous.
Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le suspense n’est pas réservé à un certain type d’histoire. Bien sûr on pense aux romans policiers ou de type fantastique, mais il y a tout autant de suspense dans une saga historique, familiale, un roman d’amour ou une oeuvre théâtrale. «Roméo et Juliette» est une magnifique histoire à suspense. Entre le moment où les tourtereaux se rencontrent et celui où ils meurent, tout est suspense, la tension est permanente.
Idem dans le film «Titanic» : on a beau savoir à l’avance que le bateau va couler et qu’une partie des passagers va mourir, le suspense est présent, tant dans les relations entre les héros que dans l’éventualité de leur survie.
Dans un bon film d’aventures, tout comme dans les dessins animés de Walt Disney, il y a beaucoup de suspense aussi. Le moment où Cendrillon tente de s’enfuir du bal alors que sonnent les 12 coups de minuit est un suspense d’anthologie, qui a fait frémir toutes les petites filles depuis des générations. C’est par le suspense des contes de fées que les enfants se familiarisent avec les notions de danger et d’angoisse.
(suite plus bas)
Dernière édition par Phinae le Mar 11 Juin 2013, 19:55, édité 2 fois |
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Phinae As de l'acrylique Date d'inscription : 29/09/2011 Age : 59 Localisation : entre 2 champs de maïs du sud-ouest
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mar 11 Juin 2013, 19:24 | |
| Différents niveaux de suspenseDans une bonne histoire, si vous y regardez bien, il y a souvent un suspense principal, la trame, et des tas d’autres suspenses, secondaires, qui découlent de ce suspense principal, mais vont s’y ajouter pour développer (donc faire durer) ce suspense de base. Ce sont comme des ruisseaux qui se rejoignent pour former une grande rivière.
Je prends un exemple tout bête :
* Suspense principal : le but de l’histoire est la construction d’une maison par un couple de jeunes mariés
* Suspenses secondaires : toutes les étapes de la construction de cette maison et leurs différentes péripéties.
Parmi lesquelles, entre autres :
- la recherche du crédit immobilier (toujours délicate) - la recherche d’un terrain (idem) - l’embauche d’un architecte et les décisions concernant le plan de la maison - la construction elle-même, les fondations, les murs, l’équipement, la décoration.... pour lesquelles on sait bien qu’il y a toujours des complications, des retards, des surprises, éventuellement des malfaçons etc - et pour finir, après tout plein de complications, ouf, la maison est enfin construite et on peut y aménager
Chaque suspense secondaire est en lui-même une petite histoire incluse dans la grande et on peut les multiplier et les entrelacer presque à l’infini. On sait que la construction d’une maison c’est toute une aventure, longue, parfois épique, et qu’on ne s’ennuie pas une minute. Chacun de ces suspenses supplémentaires donne du corps au suspense principal. C’est une marche à gravir sur un escalier.
Ainsi, pour chaque suspense secondaire, on va créer un ou plusieurs chapitres pour en développer toutes les facettes.
- Spoiler:
Dans notre exemple, imaginons la première étape : la recherche du crédit immobilier. On va raconter au moins un rendez-vous avec un banquier, les espoirs des acheteurs, leurs états d’esprit, leur stress etc.... Le crédit sera-t-il obtenu ou pas ? C’est du suspense ! On peut multiplier longtemps les incertitudes, imaginer des refus de la part des banques, du découragement, des tas de complications avec les paperasses...
De la même manière, à l’étape suivante qui concerne la recherche du terrain (s’il n’a pas déjà été trouvé), on peut prévoir plein d’entourloupes, par exemple un concurrent redoutable et prêt à tous les coups bas pour faire main basse sur le terrain convoité par nos acheteurs... ou bien encore que le terrain, après étude, est inondable et interdit à la construction.... mais on apprend soudain qu’il pourrait exister une parade... encore du suspense.
Bien entendu, on va se débrouiller pour que chacun de ces suspenses secondaires ait une issue favorable, qui permette de poursuivre le déroulement de l’histoire : sinon tout s’arrête et l’histoire est finie ! A vous de faire en sorte que tout ne soit pas trop cousu de fil blanc afin de maintenir l’intérêt du récit. Une issue favorable n’est pas forcément une issue idéale et toute rose.
- Spoiler:
Imaginons par exemple dans le cas du terrain inondable que le couple trouve la parade pour le rendre constructible, imparable, mais illégale (falsification de paperasse, allez...). Va-t-il se laisser tenter par la malhonnêteté et la prise de risques, ou bien rester raisonnable ?
Pour ma part j’imagine déjà une dispute retentissante dans le couple, l’un étant d’accord et l’autre pas... bref il y a là de quoi maintenir la tension ! Et après ça ils se font la tête pendant des jours... on est triste pour eux... voyez, ça prend vie ! Et ils ne sont toujours pas sûrs de pouvoir construire sur ce terrain !... Mais bientôt un autre emplacement attire leur attention.... et l’histoire redémarre. ... et ainsi de suite pour toutes les autres étapes de la construction de la maison.
On peut imaginer sans fin des tonnes de rebondissements qui vont, tantôt freiner, tantôt débloquer ou modifier le cours des évènements et la progression du chantier : des vols de matériaux de construction, des évènements climatiques (tempête, neige....), la faillite de l’entreprise chargée du gros oeuvre... un projet d’autoroute qui menacerait la tranquillité du quartier... tout ce qui nous passe par la tête. Et comme la réalité est toujours pire que la fiction, on risque rarement d’en faire trop.
Pendant tout le temps où vous explorez et faites vivre au public ces suspenses secondaires, le lecteur, lui, espère toujours que la construction de la maison s’achèvera enfin. Mais si on sait bien s’y prendre, avec toutes ces péripéties, il doit être amené, régulièrement, à douter qu’elle le sera et à s’en désoler. Tout en restant rivé à son écran ou sa feuille.
Pourtant, ce pauvre lecteur, on va le faire tenir en haleine encore un peu plus ! Car il est possible d’ajouter des suspenses secondaires d’une autre nature, qui vont eux aussi étoffer l’histoire, mais d’une autre façon. Ils vont lui donner une profondeur, un souffle supplémentaire.
Ce sont des péripéties qui se situent à côté de la trame principale (la construction de la maison proprement dite), et n’ont pas, a priori, d’influence sur cette trame. Elles ne découlent pas directement de ce suspense principal et ne doivent pas prendre le pas sur lui ni le remettre définitivement en cause.
Cependant, ces suspenses d’une troisième nature doivent être rattachés, d’une façon ou d’une autre, à la trame du récit, afin de ne pas sembler totalement hors-sujet.
- Spoiler:
Quelques exemples, toujours avec la construction de la maison et toutes ses étapes :
Mettons que le couple de jeunes mariés s’est disputé après l’affaire du terrain inondable, comme indiqué ci-dessus. Dispute directement liée à l’un des suspenses secondaires du récit.
Si je laisse aller mon imagination, je prévois que la jeune épouse, fâchée avec son mari, va avoir une aventure extra-conjugale (et secrète) avec l’architecte, lui-même en plein divorce et qui se dispute la garde des enfants avec sa future ex-femme... je brode, mais voyez qu’on peut facilement trouver des idées.
ça n’influe pas sur la construction de la maison proprement dite. Ça se situe à côté, c’est une histoire indépendante du reste. Mais ça a apporte un certain suspense sur la survie du couple de jeunes mariés, qui va un temps faire douter le lecteur (ou le spectateur) et le plonger dans des émotions nouvelles.
On peut aussi imaginer des soucis de santé ou professionnels pour les jeunes mariés, car leur vie continue pendant cette construction. Cela aussi fait partie de l’histoire, sur un autre plan. On n’y consacrera pas autant de temps qu’aux principaux suspenses, mais cela pimente un peu plus le récit et donne de nouveaux prétextes pour maintenir la pression.
Ainsi, à côté de l’aspect purement matériel et de l’action proprement dite (la pose des briques de la maison, une par une), l’aspect humain et émotionnel est celui qui va définitivement retenir le lecteur dans le récit car il lui permet de s’identifier et de s’attacher aux héros et à ce qu’ils vivent.
Le suspense et la tension qui en découle ne sont acceptables par le lecteur ou le spectateur que s’il s’est auparavant attaché aux protagonistes et à l’atmosphère dans laquelle ils vivent.
Pourquoi pas, également, décider d’élargir encore le champ de l’action, en évoquant la vie de l’entourage des héros et inventer pour eux des histoires parallèles à la principale... cela va quelque peu détourner l’attention de la trame de base, mais également ralentir le déroulement du récit et donc prolonger le suspense principal et retarder son dénouement. Les grandes sagas et les séries télé à succès sont souvent faites ainsi. On suit en même temps plusieurs grandes histoires à suspense concernant tout un tas de gens qui ont des relations plus ou moins étroites entre eux.
Cette théorie des niveaux de suspenses peut s’adapter à l’infini. Imaginons que vous voulez faire la chronique de la vie d’un quartier et de ses habitants : il n’y a pas, a première vue, de suspenses principal et secondaires. Ce sont mille histoires différentes qui se déroulent au même endroit. Pourtant, il y a un point commun à tous, c’est l’endroit où ils vivent (leur immeuble, leur rue...) et c’est ce qui donne sa justification à l’ensemble. C’est comme un tronc d’arbre et ses multiples branches, ses ramifications.
Dans tous les cas, il y a pas mal d’écueils à éviter. Ce sont ceux liés aux excès d’une imagination foisonnante, le revers de la médaille en somme :
- l’invraisemblance... - le fouillis... - le hors-sujet.... - et toutes sortes d’autres défauts tels que le manque de rythme, la précipitation ou bien une lenteur excessive, etc - Et puis il faut aussi savoir jusqu’où ne pas aller trop loin dans l’accumulation des catastrophes et des imprévus en tout genre, pour ne pas lasser ou exaspérer le public.
C’est en vous relisant ou en vous faisant relire par quelqu’un de compétent que vous sentirez ce qui cloche, ce qui n’est pas crédible, pas assez précis, bâclé ou mal tourné. Et que vous verrez ce qui a bien fonctionné aussi, heureusement.
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Phinae As de l'acrylique Date d'inscription : 29/09/2011 Age : 59 Localisation : entre 2 champs de maïs du sud-ouest
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mar 11 Juin 2013, 19:36 | |
| Construction et mise en scèneDans l’idéal, la construction d’une histoire à suspense se déroule en trois parties :
- 1ère partie : on plante le décor, l’action commence, et on fait naître le suspense - 2ème partie : on développe le suspense, on l’entretient, on le renouvelle au besoin, c’est la partie la plus dense du récit et a priori la plus longue - 3ème partie : on défait les noeuds et l’histoire se termine.
La première partie
Elle sert à mettre en place le suspense principal. Elle peut se résumer à un seul chapitre, si vous estimez que c’est suffisant. Mais vous pouvez aussi décider de la développer plus longuement. Ce n’est pas sa longueur qui importe. C’est de réussir à créer et installer une tension qui va donner envie de lire la suite.
Les premiers chapitres d’une histoire, quelle qu’elle soit, sont toujours très importants et à fignoler particulièrement. C'est la porte d’entrée. Si elle n’est pas belle, on n’a pas envie de la pousser. Dans le cas qui nous occupe, il est important que tout participe à la création du suspense, sans s’égarer. C’est un fil qui se tend de plus en plus.
Les descriptions sont très importantes pour planter le décor et faire démarrer l’action : décors, atmosphères, circonstances, émotions, sentiments.... tout ce qui offre un intérêt pour la création du suspense doit être soigneusement présenté afin de faire entrer le lecteur ou le spectateur dans votre univers.
- Spoiler:
Dans l’exemple de la construction de la maison : on peut évoquer ce qui va conduire le jeune couple à désirer faire construire sa maison : leur prise de conscience, l’envie qui naît, les interrogations, les discussions entre eux etc. Eventuellement on peut commencer à placer quelques pions de suspenses secondaires (sans les développer) : imaginons qu’un ami leur parle d’un terrain à acheter qui pourrait les intéresser... ce qui va beaucoup les faire réfléchir. Pour installer davantage encore l’excitation générale, le jeune couple imagine déjà son but atteint, la maison construite et le bonheur d’y vivre. Cela campe définitivement les ambitions de l’histoire.
Quelques trucs pour favoriser le suspense :
- Créer des faux-semblants, de la poudre aux yeux.
En masquant la vérité des situations et des personnages, en les présentant sous un faux jour, vous préparez les futurs rebondissements et donc la relance du suspense. N’hésitez pas à avoir l’esprit tordu. Dans la vraie vie, les exemples de ce type pullulent.
Je suis toujours très étonnée, quand je regarde les infos à la télé, d’entendre que tel criminel était en apparence au-dessus de tout soupçon car bien intégré dans la société, avec un travail, des enfants, des activités caritatives et ceci cela... le fait d’être « bien intégré » (comme on dit), n’a jamais empêché quiconque d’avoir une vie secrète et des activités louches ou répréhensibles ! Et si on y regarde bien, personne n’est parfait. A la limite, quand c’est « parfait » pour moi c’est justement là que c’est louche : je me dis toujours : « qu’est-ce que ça cache ? ». Cherchez la petite bête, grattez sous la surface, allez voir derrière le miroir... tout ça quoi. Et construisez votre scénario de façon à tromper votre public (il adore ça !).
Entraînez-vous, par exemple au supermarché ou dans le bus, en inventant un destin tortueux ou une personnalité extraordinaire aux autres gens que vous croisez : que pourrait-il y avoir derrière leur apparente simplicité ou banalité ? L’imagination n’a pas de limites, mais le monde réel n’en a pas non plus.
- Spoiler:
Exemple 1 :
Dans le célèbre roman de Gaston Leroux « Le mystère de la chambre jaune », l’un des protagonistes, Larsan, est en apparence un enquêteur qui mène l’enquête aux côtés de Rouletabille. En vérité.... il n’est pas seulement cela, il a un rôle bien plus capital dans l’affaire, mais que l’on ne découvrira que tout à la fin, au moment du dénouement, quand Rouletabille l’aura démasqué. Mais tout au long du roman il a embobiné tout le monde et personne ne s’est douté de rien.
Un masque que portent aussi certains personnages d’Agatha Christie. Dans l’un de ses romans, le criminel est le narrateur en personne, mais comme c’est lui qui raconte, on l’imagine forcément blanc comme neige, d’autant qu’il est le médecin de la victime, bien sous tous rapports en apparence. La surprise est totale lorsqu’on découvre que c’est lui qui a commis le crime.
Exemple 2 :
La famille Simpa des Sims 2 (si vous y avez joué) : en apparence heureuse et parfaite, vue de loin (vue du quartier) avec ce gentil couple et ses deux jumelles si charmantes et leur jolie maison.... oui mais quand on arrive chez eux, on découvre illico qu’en vérité, Daniel trompe sa femme avec la bonne, Mary-sue et lui se font la gueule, les jumelles se détestent, l’une fait le mur et l’autre a un petit ami qui est un voyou. Dans la vraie vie, il y a beaucoup de foyers de ce type !
- Laisser volontairement des zones d’ombre.
Ici il ne s’agit plus de créer de la fausseté, mais du flou ou du secret, pour piquer la curiosité du lecteur ou du spectateur : dans les descriptions des personnages, dans leur passé, dans leurs activités... ça rend le personnage énigmatique. Le tout est de bien choisir ce qu’on va éviter de révéler, en fonction du but recherché. Par exemple, l’interlocuteur du héros reçoit un coup de fil... mais on ne dira rien de la teneur de cet appel.
La deuxième partie
Elle aborde le vif du sujet.
C’est ici que vous allez présenter, développer et faire s’enchaîner les suspenses secondaires. Votre public s’est pris au jeu et a accroché au récit durant la première partie. Maintenant vous allez le faire tourner en bourrique, jouer avec ses nerfs, le tenir en haleine, le rendre fou d’angoisse, d’impatience et autres émotions douloureuses... toutes celles que vous voulez tant qu’il reste incapable de se lever de son siège. A vous de jouer, espèce de tortionnaire !
Pour cela, vous avez diverses possibilités, tant au niveau de la mise en scène que du scénario. Le problème d’une histoire qui s’essouffle (et qu’on abandonne en chemin) tient autant au manque d’imagination que de l’incapacité à faire se superposer les différents éléments du scénario. Parfois on a plein d’idées mais on ne sait pas comment les agencer, comment les hiérarchiser. Or tout a une importance dans la construction d’une histoire. C’est donc bien, avant de se lancer, de réfléchir posément à tout cela, en prenant son temps.
Vous allez par exemple devoir décider si vous préférez y aller crescendo dans l’évolution des évènements, un suspense après l’autre, pour faire frémir votre lecteur à petit feu, ou bien provoquer une avalanche de catastrophes qui vont créer d’un coup un énorme pic de tension ! Bref, maintenant que vous avez créé le suspense, il s’agit de le faire durer. Voici quelques ficelles qui ont fait leur preuves :
- En rajouter une ou plusieurs couches
Imaginons une histoire policière. Un meurtre est commis. Qui a fait le coup ? (suspense....). Vous allez ajouter un second meurtre... puis un troisième... Cela va amplifier le suspense et le faire durer. Bien sûr pendant ce temps, on cherche encore qui est le meurtrier.
- Dans le même ordre d’esprit, corser la situation, la compliquer le plus possible.
On voit souvent ça dans les films. Dès qu’une voiture tombe en panne sur la route, il se met à pleuvoir des cordes, le cric pour démonter la roue se casse, la lampe de poche s’éteint et un animal sauvage arrive de nulle part pour terroriser le conducteur... ce qui rallonge chaque fois davantage l’angoisse et gêne d’autant la réparation du véhicule.
- Brouiller les pistes et lancer le lecteur (ou le héros) sur de fausses pistes
Suite au troisième meurtre cité ci-dessus, l’enquêteur entend parler de témoins éventuels et se lance à leur recherche mais il s’avère qu’ils n’ont jamais existé... c’est là aussi que vous pouvez placer toutes sortes de rumeurs concernant les données de l’affaire, qu’il faudra vérifier et éclaircir ; ce qui prend du temps, et entretient le mystère.
- Gonfler un ballon de baudruche
S’associe bien avec les rumeurs citées ci-dessus. Souvenons-nous du 21 décembre 2012 et de la fin du monde annoncée par certains. Au final : rien ne s’est passé. Mais entretemps, quel suspense !
- Faire un flash-back
Parfois, revenir en arrière, évoquer le passé de tel protagoniste peut être utile pour mieux comprendre la situation présente. Cela a aussi l’avantage de repousser le dénouement que l’on attend avec impatience.
- Changer de narrateur
Passer du point de vue interne (l’action, vue par les yeux d’un protagoniste) au point de vue externe (l’action vue d’un oeil extérieur), ou bien au point de vue interne d’un autre acteur de l’histoire permet de jouer sur les apparences et d’entretenir le suspense. Chacun va parler de l’autre et poser toutes les questions utiles à son sujet. C’est intéressant à faire dans les récits mettant en scène des relations humaines avec leurs secrets, mais aussi dans les enquêtes policières où la psychologie tient une certaine importance.
- Provoquer un coup de théâtre.
Le grand classique du suspense. L’arme fatale par excellence. Il peut prendre de multiples variantes en fonction de votre imagination : c’est le rebondissement inattendu, le retournement de situation, la chute inespérée que l’on n’attendait plus, la tuile qui vous tombe dessus au pire moment... ou plutôt sur le héros.
C’est toujours un évènement qui jusque-là paraissait totalement improbable, voire impossible, mais qui va, temporairement ou définitivement, modifier le cours de l’histoire et relancer l’action. Il a pour but, soit de résoudre un problème, soit de l’aggraver.
Dans tous les cas, il va totalement à contresens de ce qui s’est passé jusque-là, remet en question un élément essentiel de l’histoire. Exemple : la réapparition de quelqu’un qu’on croyait mort.
Bien entendu, cela se produit à un moment clef, afin de créer un choc dans l’esprit du lecteur ou du spectateur.
- Moduler ses effets par la chronologie et le rythme du récit
Maintenir la tension et jouer avec les nerfs du public est affaire de stratégie. Un rebondissement n’aura pas forcément le même impact selon le moment où il intervient. Il est intéressant de réfléchir au moment le plus opportun pour le faire apparaître, à la façon dont on va articuler l’ensemble des évènements. Cet aspect est particulièrement important dans les coups de théâtre, mais pas seulement.
- Chronologie toujours : la chute du chapitre ou de l’épisode.
« La » ficelle imparable ! Une autre arme fatale. Combinée avec le coup de théâtre, vous êtes sûr de faire mouche. On a tous été tenus en haleine par la dernière scène d’une série qui fait intervenir l’imprévu le plus total, le mystère ou le pire des drames, pile au moment où ça s’arrête. Le truc suprême pour maintenir le suspense.
Pour les histoires de sims ou les séries vidéos, publiés par petits bouts, c’est le pied. Vous pouvez jouer avec ça durant des lustres, votre public va adorer et vous haïr pour avoir osé être aussi cruel. Mais il foncera sur le chapitre suivant pour connaître la suite, et soulager cette affreuse tension qui l’a miné jusque-là. Pour vous, l’auteur, c’est jubilatoire.
Tout l’art de la chute consiste à construire son chapitre de façon à amener peu à peu à cet évènement fortuit, angoissant ou dramatique qui sera le point culminant de la tension, tout en clôturant momentanément la diffusion. N’oubliez pas d’écrire : « à suivre.... »
Je suis sûre qu’il existe bien d’autres possibilités pour faire durer le suspense, que j’ajouterai si elles me reviennent en tête.
Je reviens un instant sur le retournement de situation qui n’est pas toujours forcément un coup de théâtre. C’est plus subtil que ça. ça peut être l’éclaircissement d’une situation floue ou inexplorée qui prend alors un autre aspect, et fait repartir l’action dans un autre sens. C’est un peu le pendant du brouillage de pistes.
J’en profite pour insister sur le fait qu’il faut prendre le temps de développer toutes les possibilités du suspense en cours : après les trois meurtres, supposons que vous avez un premier suspect... qui s’enfuit... que vous retrouvez... mais il est blessé par un complice qui voudrait l’empêcher de parler... ensuite il tente de s’échapper de l’hôpital... mais finalement, coup de théâtre, ce n’est pas lui l’assassin... et hop le suspense principal repart en avant. Et vous avez fait gamberger le public durant trente pages ou trois épisodes !
Enfin, de la même façon qu’on va bien développer le suspense, on doit également prendre le temps de décrire les moments de dénouement, les instants de répit qui vont permettre au public de reprendre son souffle. Ce sont des passages qui peuvent rester brefs, mais qu’il ne faut pas bâcler. - Spoiler:
Exemple :
Dans le film « Titanic », l’un de ces moments de répit est celui où, tandis que le bateau a commencé à s’emplir d’eau, Rose retrouve Jack après l’avoir longtemps cherché partout et le trouve attaché à un tuyau avec des menottes.
Elle va tenter de le libérer, avec une hache qui risque de lui couper un bras ! Le suspense est total et multiple dans cette scène, car on se demande si elle réussira à le libérer mais aussi si elle réussira à ne pas le mutiler. Au bout du compte, il est libre, sain et sauf, et ils sont soulagés d’être de nouveau ensemble... et le spectateur fait ouf aussi !
C’est un moment important du récit, car même si le bateau continue de couler, cela relance l’intérêt pour l’histoire, puisque leurs relations sont la trame principale du récit et qu’il ne faut surtout pas qu’elles s’arrêtent avant la fin.
Dernière édition par Phinae le Mar 11 Juin 2013, 20:04, édité 1 fois |
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Phinae As de l'acrylique Date d'inscription : 29/09/2011 Age : 59 Localisation : entre 2 champs de maïs du sud-ouest
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mar 11 Juin 2013, 19:52 | |
| (suite et fin)Troisième partie : le dénouement finalIci il s’agit de finir en beauté, de façon heureuse ou malheureuse, ou un peu des deux, selon votre choix.
Vous aurez probablement mis fin à bon nombre de suspenses pendant la seconde partie. Pas forcément tous. Vous pouvez choisir de garder tout un tas de suspenses secondaires actifs jusqu’au bout, en plus du suspense principal.
Vous pouvez continuer à inclure dans cette dernière partie des coups de théâtre et autres rebondissements, ou bien terminer les choses en douceur. Le tout est de parvenir à finir véritablement l’histoire. Ne pas laisser le public sur sa faim, du moins en ce qui concerne les principaux suspenses développés durant les parties précédentes.
Mais si vous avez l’esprit retors, et pour vous amuser encore un peu avec votre public, vous pouvez envisager une chute qui créera un nouveau suspense.... que vous traiterez (ou pas) dans un second tome. Je pense au film « Les Visiteurs » et à sa fin qui laissait prévoir une suite, tout en donnant l’impression d’avoir tout à fait réglé les problèmes rencontrés tout au long du film.
Tout comme dans la première partie, il faut prendre le temps de bien décrire les émotions des héros, leur soulagement et leur joie (en supposant que l’issue soit heureuse), ou bien le contraire.
Eventuellement vous pouvez faire un épilogue qui les montre en train de savourer leur bonheur retrouvé ou de s’accommoder de leur sort, et qui permet aussi d’apporter une évolution supplémentaire : c’est un petit bonus qui plaît toujours au lecteur qui s’est attaché aux héros. La cerise sur le gâteau.
Je vous avoue que quand j’ai beaucoup aimé un bouquin, je le recommence aussitôt. J’ai relu une bonne quinzaine de fois mes livres préférés, souvent pleins de suspense, quel que soit leur thème.
Et maintenant, à vous de jouer.... bien sûr si d’autres idées vous viennent en tête, n’hésitez pas à les signaler.
MODE D'EMPLOI N'hésitez pas à remercier l'auteur de ce tutoriel ou à faire partager votre expérience personnelle. Si vous avez créé quelque chose en suivant le tuto pourquoi pas la poster afin de la montrer à l'auteur
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Pour d'éventuelles questions, c'est par ici et si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet, rendez-vous dans la salle travaux pratiques Bonne journée |
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Ness Illustre illustrateur Date d'inscription : 26/12/2011 Age : 52
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mer 12 Juin 2013, 14:04 | |
| Merci Phinae pour cette excellente fiche qui à coup sûr va me servir !
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Goby03 Maître du Jeu Date d'inscription : 21/08/2012 Age : 26 Localisation : quelque part en auvergne
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mer 12 Juin 2013, 14:15 | |
| Merci Phinae pour cette superbe fiche !  |
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pomme-kiwi Ange gardien Date d'inscription : 27/09/2009 Age : 36
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mer 12 Juin 2013, 14:45 | |
| Merci beaucoup Phinae pour cette super fiche! J'espère qu'elle inspirera certains auteurs! |
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Delise Admin Date d'inscription : 05/04/2012 Age : 44 Localisation : Lyon
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mer 12 Juin 2013, 16:31 | |
| Merci Phinae !  |
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Phinae As de l'acrylique Date d'inscription : 29/09/2011 Age : 59 Localisation : entre 2 champs de maïs du sud-ouest
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mer 12 Juin 2013, 16:32 | |
| J'espère aussi, Pomme. C' était sympa à faire, en tout cas.
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Bettyboopjade Ange gardien Date d'inscription : 25/03/2011 Age : 41 Localisation : Mons (Belgique)
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Mer 12 Juin 2013, 19:54 | |
| Merci Phinae ! |
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Naine As de l'acrylique Date d'inscription : 14/01/2012 Age : 33 Localisation : Ici : x
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Dim 30 Juin 2013, 19:07 | |
| Merci Phi pour cette fiche !  |
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franabisen As de l'acrylique Date d'inscription : 23/08/2012 Age : 23 Localisation : En ligne (nan, en IDF, en fait :P )
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Lun 01 Juil 2013, 14:38 | |
| Merci beaucoup Phinae! |
|  | | Contenu sponsorisé
![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | Sujet: Re: [Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire ![[Fiche] Maintenir le suspense d'un bout à l'autre d'une histoire Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | |
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