[Fyladel & Maeleo] Noel

__Noël… Qui avait inventé une telle fête commerciale ? Je voulais bien accepter le fait qu’au départ, ce fusse pour célébrer la naissance du petit Jésus, mais quel intérêt de s’offrir des cadeaux, de se retrouver en famille autour d’une dinde, d’acheter un sapin, des décorations… ? Acheter, acheter, acheter. Encore et toujours acheter. Noël serait bien plus sympathique si l’on ne devait pas économiser toute l’année. Pourquoi se faire plaisir un seul soir et se priver 364 jours ?
__En cette nuit du 24 décembre, je me promenais dans la rue faiblement éclairée par les lampadaires. La neige tombait, des milliers de flocons différents les uns des autres se tassaient sur le béton. Certains d’entre eux volaient vers moi, mais aucun ne se posa sur mon manteau. Ils continuèrent tous leur route vers le sol glacial. Je n’aimais pas la neige et elle me le rendait bien.
__D’où j’étais, je pouvais entendre les voix des enfants. Je haïssais les enfants. Toujours à crier, pleurer, faire des caprices, à rire. Je détestais les entendre rire. Ces petits cris aigus qui vous déchiraient les tympans. Insupportable.
__Derrière les fenêtres embuées des maisons, les ombres des familles dinant autour d’une table bien trop garnie et bien trop décorée semblaient heureuses d’être là. Alors que moi, je me baladais seul dans une rue glaciale. Depuis toujours. Chaque Noël… Chaque année, je me retrouvais à fuir cette famille pauvre et triste. La rue était plus joyeuse à mes yeux. Aujourd’hui, cette famille je ne l’avais plus. Mais ça ne changeait pas grand-chose. J’étais toujours seul et errant.
__Peu à peu, des cantiques se firent entendre. Ils provenaient de la grande place. C’en était trop. Depuis des dizaines d’années ils nous rabâchaient les mêmes vieilles chansons. Je n’avais jamais entendu chansons plus horribles à écouter. C’était presque pire que les rires des enfants. Je me tassais sur moi-même et passai devant la grande place en priant pour que ces saletés de gamins ne viennent pas me chanter sous le nez.
__Une chanson parlait de la magie de Noël. Chez moi, cette lueur de la magie de Noël n’avait jamais éclairé mes yeux. Comment, puisque pour moi, Noël signifiait d’être le spectateur d’un bonheur que je ne vivrai jamais ?
__Je haïssais la neige, le froid, les enfants, la société de consommation, les gens heureux. Je ne pouvais pas plus détester Noël. Comment le pourrais-je ? Impossible. Et pourtant… Une voiture glissant sur une plaque de verglas avait trouvé la réponse.