J'ai pris trois cafés, je suis prête. Après quatorze ans d'études de médecine, me voilà sur le point d'affronter, pardon, d'examiner, MES patients A MOI. Pas ceux d'un ponte pontifiant, pas ceux d'un médecin référent. Les miens.
C'est génial, mais ça fait peur aussi.
Je veux un quatrième café.

Neuf heures. Premier patient : « Docteur, j'ai le nez qui coule, de la fièvre, mal partout, mal à la gorge ». Mon bon Monsieur, ça s'appelle la grippe.

Dix heures : « J'ai de la fièvre, Docteur, mais le nez qui coule, les chutes du Niagara, je vous jure ! Et j'ai mal partout... c'est grave, Docteur ? » La grippe ? Pas trop.... Mon retard qui s'accumule ? Un peu plus...

Patient suivant : « Et j'en ai pour longtemps , Docteur ? » Une bonne grippe, ça dure une grosse semaine, une mauvaise, à peu près huit jours.

Onze heures et j'en suis à cinq grippes sur six patients. Quelque chose me dit qu'il y a une épidémie dans le quartier – mais je peux me tromper. Je veux un café.

Treize heures : pas le temps de manger, j'ai pris trop de retard. Pas le temps de prendre un café non plus. Qu'est ce qui m'a pris de choisir de m'installer dans un cabinet sans machine à café ? Qu'est ce qui m'a pris de m'installer en libéral, sans secrétaire à qui réclamer du café ? En même temps, en quatorze ans de médecine, je n'ai jamais osé le faire, exiger du café à ma secrétaire. Mais là ce n'est pas pareil, c'est MON cabinet. Et surtout, surtout, là, je suis en manque.

Quatorze heures. La grippe à quatre ans, ce n'est pas drôle. Pour le gamin, bien sûr, pas pour moi. Enfin... Les hurlements stridents au point de traverser les murs et d'effrayer les patients  dans la salle d'attente, style «  ce n'est pas possible, elle le torture, ce petit... » ce n'est pas drôle pour moi non plus.

Seize heures : j'ai une heure de retard, et je commence à avoir mal à la tête. Toujours pas de pause en vue. Pas de pause café, en particulier.

Seize heures trente : je craque,  je sors en douce par derrière pour m'offrir un double expresso au café du coin.

Dix huit heures, un patient au téléphone, il faut le prendre aujourd'hui, là, maintenant, tout de suite, parce qu'il a de la fièvre, des courbatures et le nez qui coule. Mon bon Monsieur, fallait vous faire vacciner.

Au fait, je n'ai pas oublié mon vaccin cette année ?

Dix huit heures trente : le patient que je vois est en train de faire une insuffisance cardiaque. Sans moi, sans mon traitement, il y passait. La médecine, c'est génial. Du coup, mon mal de tête s'atténue.
Ca me change de mes grippes et de mes rhumes.

Vingt heures, dernier patient, dernière grippe. Je vais enfin fermer ma porte et mon ordinateur, rentrer chez moi, pour ouvrir ma porte et mon ordinateur, mais ce coup ci pour jouer aux sims. Avec plein de café.

En même temps, j'ai mal à la tête, des courbatures et le nez qui coule.

Je crois que j'ai la grippe.

Ce matin, dès que mon réveil sonna, je me précipitai sous la douche, puis rapidement je m’habillai , pris un petit déjeuner express ! Après quoi, je lavau les dents, le visage, un tout petit coup de maquillage, et parée pour ma première journée de travail !


A la fois excitant et angoissant… J’allais me retrouver face à de très jeunes enfants en crèche… Ma crainte étant de mal m’y prendre, tout le long du trajet en bus, je ne cessai de lire tous les documents d’aide que m’avait donnée la jeune femme qui m’aidera à me former complètement à leur règlement.

Une fois arrivée sur place, je tombai sur l’accueil, dans des couleurs plutôt sobres, et quelques objets enfantins accrochés par ci par là, une fois les affaires posées, je me rendis dans la salle de jeu, et là, des objets de toutes les couleurs, jouets partout. La jeune femme (du nom de Debby) qui devait donc m’aider vint à moi, m’expliqua simplement que jusqu’à 10h30 à peu près, les enfants jouaient librement, avant de passer à d’autres activités. Elle me présenta à quelques parents, qui furent très gentils avec moi. Puis, au bout d’une quinzaine de minutes, un bébé se mit à pleurer, il fallait lui changer la couche. Je demandai à Debby où se trouvait les couches, elle m’indiqua simplement : « dans le tiroir du bas pour les couches, et le placard du haut pour les lingettes » . J’allai donc tranquillement dans la pièce, le bébé s’étant un peu calmé, il jouait avec les paillettes de mon tee-shirt. Avant même de le changer, je me dis que tout sortir pourrait être une bonne idée, je gardai une main sur le bébé (toujours ! sécurité de base d’après ma maman !), je sortis une couche, mais après, pour trouver le talc… J’ouvrai le placard d’une main, avec le bébé qui se remit à pleurer, je tentai de le calmer en chantonnant, mais bien sûr je suis une vraie casserole… Je fis tomber le paquet de cotons, je dus me baisser pour le rattraper, mais je me cognai la tête en me relevant ! Ça avait apparemment provoqué du bruit, vu que Debby rappliqua quelques secondes plus tard ! Elle ouvrit simplement le placard du haut, et sortit le talc, juste derrière le tub de crème et me le tendit gentiment. Je sentis mes joues devenir terriblement rouges. Je la remerciai avant de terminer de changer le bébé, et de l’installer sur un petit tapis d’éveil.

Quelques heures plus tard, une fois l’activité pate à modeler passée, l’heure du repas ! Je fus assignée aux petits pots. Je me retrouvai avec un bébé qui ne voulait d’aucune purée, aucun pot, aucune compote, rien ! La petite serviette posée sur mon épaule avait dû récupéré les bouchées de purée de carotte, brocolis, pomme de terre, épinard, petit pois, ainsi que les compotes de pomme, poire, pêche que je m’étais prise à la figure par le bébé… Une fois de plus, Debby vint à mon secours, en donnant un autre petit pot au bébé, et comme par hasard, celui-là il l’a avalé, et il avait même l’air d’aimer ça… Plutôt chaotique comme début de première journée…


Le temps de la sieste se passa plutôt bien, on met tout le monde dans le berceau, puis au réveil, on change les couches, puis on laisse les enfants jouer une demi-heure, avant de les faire gouter. Et là… je préparai tout le nécessaire pour le gouter, les petits biscuits, les yaourts, etc. j’amenai le plateau dans la salle, les enfants commencèrent à manger. Cela me faisait rire de voir combien il était mignon d’écouter des paroles d’enfants ! Ils riaient pour un rien, souriaient avec pour certains une ou deux dents en moins, parlaient avec leurs nounours et autres peluches… Jusqu’à l’arrivée des premier parents ! Peu de temps après, je finis ma journée, m’excusant encore pour mes boulettes, Debby rit en me répondant : « Et encore, la journée fut bien calme ! ». Je me demandai ce qui allait se passer demain si la journée d’aujourd’hui était si « calme » !