[Vote] (Marky & Pomme-Kiwi) La vie à la cour du Roi Soleil

Bonjour à vous tous cher lecteur. Je m'appelle François Marie Arouet, mais dans plusieurs années je serai connu sous le nom de Voltaire. Je suis un enfant de 12 ans, passionné par la lecture, l'écriture et les chiffres. Je suis vraiment à l'écoute de ce qui se passe dans le monde et je ne ne suis déjà pas trop d'accord avec ce que fait le roi, Louis XIV. Sa monarchie est vraiment horrible pour le troisième-ordre.

Aujourd'hui, nous sommes le 13 décembre 1706. Au jour d'aujourd'hui, mon père doit faire un dîner avec le roi qui l'a invité. « C'est très honorant de se faire inviter par le roi » m'a t-il dit.  Oh, bien sûr moi j'étais content d'aller à Versailles, c'est un plaisir de se promener dans ce jardin délicieusement rempli d'arbustes et de fleurs de toutes les couleurs. Mais aujourd'hui, j'avais aussi prévu de travailler dans mon coin, pour faire des maths. Je voulais étendre ma connaissance le plus rapidement possible et ce dîner allait me retarder dans mon travail.

Le matin, à 7 heures, mon père me réveilla. J'allais faire ma toilette, seulement me mettre un peu d'eau sur le corps, me rincer le visage et me brosser les cheveux. Puis j'allais mettre mon costume, que je ne mets que quand on va voir des personnes. C'était une veste fermée avec une petite queue de pie et de la dentelle. J'avais aussi un pantalon bleu, en accord avec ma veste. Mon père fit de même et on partit pour le château en carrosse.

Nous habitions à une vingtaine de minutes de Versailles. Pendant le trajet, mon père ne parlait pas, il était bien trop occupé à lire et à relire le discours qu'il avait préparé en l'honneur du roi. Moi je regardais le paysage. C'était magnifique. Le ciel bleu éclairait des prairies, ou des chaumières, à certains endroits. Le paysage était très généralement vert clair. La rosée du matin avait fait son travail et on pouvait voir des bribes d'eau sur les arbres. Dans certains champs, on voyait certains paysans qui travaillaient la terre comme personne, pour le roi.

Enfin, nous arrivions. Entre le temps du départ et de l'arrivée, le soleil s'était levé et faisait mal aux yeux. On entrait dans la cour du château. Je voyais que mon père était nerveux et je décidai de ne pas le déranger jusqu'à ce qu'on se présente à l'assemblée royale. Mais ce n'est pas exactement ce qui était prévu. Je n'avais pas été mis au courant de comment cela allait se passer. Donc avec surprise, mon père me dit :
« François, il faut que tu restes dans le jardin, je dois aller me présenter. Les enfants sont interdits je suis désolé. Quand tu pourras venir je t'appellerai, d'accord ? Allez sois sage, aujourd'hui, pas de laisser aller. »

Je ne voyais pas ce qu'il voulait dire par laisser aller. Je ne m'étais jamais mal comporté à vrai dire. La plupart du temps je restais dans ma chambre, à penser ou à écrire sur ce qui me venait à l'esprit. J'hochai la tête en signe d'affirmation et je me dirigeai donc vers le parc.

A cette heure-ci, il faisait froid et une légère brise de vent ébouriffait mes cheveux. Je m'avançais vers la première fontaine. Elle n'était pas activée et représentait des poissons sortants de leur habitat et jetant de l'eau. Fonctionnel, ça devait être une très belle fontaine, il y avait beaucoup de recherche et de détails dans cette fontaine. Je me surpris à rester longtemps fixé sur un œil d'un des poissons, puis je m'en allai par la droite, vers un chemin qui était jonché de petites fleurs d'une beauté resplendissante.
« Ce vert anis, me dis-je, s'accorde très bien avec ce violet foncé. »
Puis j'entendis des pas. Je me retournai et je vis un autre enfant marcher dans ma direction. Je le regardais l'air ahuri d'une telle prise en main. Je voulais rester seul en ce moment, je ne voulais pas d'une autre présence « humaine » à mes côtés pour me parler de ses problèmes de nobles !

Pour essayer d'éviter cette rencontre, je marchai plus vite, changeant régulièrement de direction. Je partais de fois en droite, de fois en gauche, en n'oubliant pas d'admirer le paysage. Malheureusement, il était quelque peu répétitif. Il y avait des fontaines à chaque croisement, et comme la première que j'ai vue, aucune n'était en état de marche. Souvent le chemin était entouré d'arbustes plantés aux extrémités des chemins en gravier.

Au bout d'un certain moment, je m'arrêtai de marcher vite, l'autre garçon avait sûrement abandonné depuis bien longtemps. Le ciel était bleu, avec plusieurs nuages à plusieurs endroits. Le soleil était à présent bien haut dans le ciel . Le temps avait dû passer sans que je m'en rende compte.

J'étais, je pense, déjà arrivé au milieu du parc, quand je me remémorai ce que m'avait dit mon père. Il m'appellerait quand je pourrais venir. Conscient, qu'il n'irait sûrement pas venir me chercher jusqu'ici et que sa voix ne se déportait pas sur un demi-kilomètre, je revins sur mes pas, en empruntant quelquefois des chemins différents, mais qui menaient au même endroit. Cette fois je ne pressais pas ma démarche, j'allais vers la grande cour d'un pas souple et lent. Au bout d'une trentaine de minutes, j'étais de retour à la cour, qui était maintenant, un endroit de rassemblement pour toutes les personnes invitées. Parmi eux il y avait beaucoup d'enfants, de mon âge et un peu plus grands. Les plus petits étaient sûrement dans leurs petites maisons en train de se pelotonner près du feu avec leur mère.

Puis je vis mon père, en haut des marches qui menaient vers l'intérieur, un grand hall très éclairé et très luxueux, avec pleins de fauteuils en chintz et des coussins de couleurs différentes dans les tons pastel. La tapisserie était très royale et le sol était fait de petits carreaux blancs.

J'allai dans sa direction, puis arrivé à la même hauteur que lui, il commença :
« En fait c'était une erreur, le roi ne nous a pas invités aujourd'hui, mais demain et...
-Mais moi demain j'ai mes leçons avec madame Dechassel !
-Oui je sais, donc j'ai refusé, car il voulait absolument ta présence. Je n'ai pas compris pourquoi. Mais bon, rentrons. Ça t'a plu la cour ?
-Oh oui ! »

Et tandis que je commençais mon résumé de tout ce que j'avais vu, nous rentrions à la maison. Intérieurement, je jouissais de cette nouvelle. Une journée de plus pour travailler tranquillement, c'était tout ce que je voulais...

Ce matin, le coq chantait à peine que Pauline entra dans ma chambre. Elle me pressa pour que je me lève, qu’on fasse ma toilette et qu’elle m’habille. Elle avait l’air nerveuse, oublia de se réchauffer les mains avant de m’enlever ma chemise de nuit ce qui me fit frissonner puis fit tomber un pot de poudre blanchâtre sur le sol en jurant. Elle qui était d’habitude si douce et tranquille, je me permis de lui demander ce qui n’allait pas. Elle me répondit qu’aujourd’hui était un grand jour et que Père allait m’expliquer. C’était d’ailleurs pour cela qu’on allait me mettre aujourd’hui les habits que Père avait ramenés de son dernier voyage. Je ne comprenais pas ce qui se passait mais elle ne voulu pas m’en dire plus, elle me dit que c’était l’affaire des hommes de la maison, et qu’elle n’avait pas sa place pour en parler, d’ailleurs, elle n’était sure de rien. Je pris un peu peur, je ne comprenais pas son attitude.

Quand je fus prêt, Père me fit appeler dans son office. Il me répéta qu’aujourd’hui était un jour très important, comme Pauline, il avait l’air nerveux et pas clair du tout. Après quelques minutes il finit par me dire, l’air plus que fier :
- « Auguste, nous partons dès aujourd’hui et allons séjourner à la cour du Roi de France ».
Voyant mon air perplexe, il continua :
- « Fils, séjourner à la cour du Roi est un des plus grands honneurs accordé à une personne de notre rang. Monsieur Colbert veut me récompenser pour mes services rendus à la Marine de sa Majesté et à son père, le Grand Ministre ».
- « On va voir le Roi ? » Lui répondis-je.
- « Je ne sais pas mon fils, vous savez le Roi est un homme très sollicité et très occupé. Mais vous aurez l’occasion de découvrir le magnifique Château de Versailles où sa Majesté a récemment établi sa résidence. Un chef d’œuvre d’architecture moderne. Et vous serez introduit à la Cour. Peut-être trouverez-vous également une femme ! »
- « Une femme ? Je veux pas de femme, les filles sont méchantes ».
Père rigola :
- « Auguste, votre opinion des femmes changera très vite. En attendant, sachez qu’un bon mariage vous garantira une vie confortable et une avancée certaine. N’oubliez pas que notre famille vient juste d’être anoblie et que notre situation est encore précaire ».
Puis il ajouta :
- « Sur ce, allez dire au revoir à vos camarades, nous partons dans une heure. Pauline et Gaspard viennent avec nous mais les autres resteront s’occuper de la propriété ».
- « Mais ! Bien Père ». Répondis-je, triste de laisser derrière moi mes camarades de jeu François, Etienne et même la petite Jeanne.

Nous passâmes donc une bonne partie de la journée à faire le voyage entre Acquigny et Versailles. Les voyages en calèche sont très inconfortables et avec la poudre que m’avait mise Pauline, les chaussures rehaussées que m’avait offertes Père, j’étais encore plus mal à l’aise. Nous arrivâmes à Versailles juste avant le coucher du soleil. Père avait raison, le château était magnifique, brillant et immense. Je voulais absolument y entrer. Père me reprit plusieurs fois, me répéta de mieux me tenir, ce n’était pas un terrain de jeu, il y avait des règles ici et que je devais me tenir de façon exemplaire. Il menaça même de me battre si je ne respectais pas ses règles. Je ne voulais pas être battu, alors je restais silencieux. Mais j’étais subjugué. Quel beau bâtiment, tout cet or, ces grandes statues, ces beaux Messieurs, et belles Dames, leurs habits brillaient, les chevaux étaient grands et majestueux. Mon esprit se perdit dans l’immensité du château, je ne savais plus où donner de la tête, tout était beau. Quand je serais grand, j’aurais un château comme ça moi aussi, pensais-je.

Notre calèche s’arrêta assez loin du château. Aussitôt arrêtés, Gaspard descendit ouvrir la porte. Pauline sortit la première, m’aida à descendre, puis alla chercher nos valises avec Gaspard. De ce coté là, le château n’était plus aussi beau, on le voyait à peine à travers les écuries et les quartiers des serviteurs. Dès que Père eu posé un pied par terre un affreux monsieur sorti de l’ombre. Il lui manquait plusieurs dents, les autres étaient noires, il avait le regard vil et sentait très mauvais, encore plus mauvais que Pierre qui s’occupait des cochons à la ferme. Il s’entretint quelques secondes avec Père puis grommela de le suivre. Nous repartîmes vers le château, du coté du parc. Je fus émerveillé par les fontaines et les jets d’eau qui, au lieu de couler, montaient vers les cieux. Les statues majestueuses de dieux et héros antiques le rendaient encore plus beau. Père me racontait souvent les histoires de ces personnages fantastiques et me vantaient leurs vertus et leur courage. Je les aimais beaucoup surtout Hermès et Arès, je voulais être comme eux, alors j’étais content de les retrouver dans cet environnement magnifique qui ne ressemblait à rien de ce que j’avais connu avant. Je rêvais tout éveillé, je pensais à peine à François et Etienne que j’étais si triste de laisser ce matin, je n’avais qu’une hâte c’était d’explorer ce jardin qui partait à perte de vue et les centaines de salles que devaient contenir le château.

Nous arrivions d’ailleurs déjà presque au château, je ne sentais même plus les désagréments du costume que je portais, j’étais heureux. Le vieux monsieur qui fait peur repris alors la parole :
- « Par ici ! » Aboya-t-il. Sa main montrait un chemin sur la gauche.
Père inconfortable, demanda :
- « Nous sommes attendus au château ».
- « Ah ! » Fis le vil homme d’un ton moqueur. « Monsieur Colbert n’a pas le temps de vous recevoir et c’est ici que vous logerez ».
- « Monsieur excusez-moi d’insister… »
- « Ils croient tous qu’ils vont résider au château », continua-t-il, plus pour lui-même qu’à notre attention. Puis se retourna vers nous : « le château est plein, le Roi a attiré les mouches encore plus vite qu’avec du miel. Vous serez bien heureux si un jour vous avez droit à un placard en haut du château principal. Des Comtes se voient refuser d’y loger ». Il s’arrêta devant une porte : « en attendant, votre couchage sera par ici ».
Quelques minutes plus tard, nous entrâmes dans une pièce vide et froide, plus petite que ma chambre à Acquigny.
- « Un lit a été mis à disposition pour Monsieur. Votre fils et vos serviteurs peuvent dormir par terre. Bonne nuit ! » Finit-il en claquant la porte.

Je n’ai jamais vu Père aussi gêné de ma vie. Ou peut-être était-il en colère. Je ne serais pas dire. Il ressorti rapidement après le vieux monsieur. Je restais là avec Pauline et Gaspard, silencieusement. Aucun de nous trois n’osait parler. La petite fenêtre de la chambre donnait sur les écuries, je ne voyais ni le château du Roi, ni les jardins magnifiques. J’avais faim et froid. Je me remis à penser à Etienne et François. A la petite Jeanne aussi. Je voulais les retrouver.