[Tournoi de battles]Pyrénéa et SundaySims : Un anniversaire royal

Juillet 1149
  Dans les buissonades environnant au castel, Bertrand attendait. Désireux de savoir si la Reine allait honorer son rendez-vous, il piétonnait de droite à gauche, de gauche à droite, se laissait choir sur une pierre puis, se relevait d’un bon et recommençait derechef son manège. Il repensait au doux baiser qu’il avait échangé avec Aliénor à la tombée de la nuitée dernière, ici même, prêt de cette habitation inoccupée. S’il n’était point certain de sa venue, Bertrand l’était d’autant plus sur son amour envers la première dame du royaume et ce, depuis le premier jour où il l’avait entrevu dans le convoi qui la ramenait d’Aquitaine. Tiraillé entre son attachement à la couronne et celui pour Aliénor, le premier valet du Roi Louis XII sentait chaque jour ce sentiment de culpabilité grandir en lui. Seulement, des rumeurs selon lesquels le Roi et la Reine seraient cousins aux quatrièmes degrés couraient dans tous les couloirs du castel et l’église, en ce domaine, savait se montrer accommodante. Il avait noté aussi, cette distance, ce malaise entre eux, elle ne cessait de répéter qu’elle avait épousé un moine plus qu’un roi. Ces bruits pouvaient ou non être réels mais Bertrand fît le choix de les estimer juste. Aussi, ce jour, par matin, il fît glisser un feuillet sous la porte de la chambré de la Reine, espérant qu’elle le découvrirait avant d’autres. Bertrand n’était point un couard mais craignait pour son chef. Mortaille, voilà ce qui arrivait aux traitres de la couronne. Il chassa cette abjecte pensée et reproduisit encore une fois sa marche au travers de la clairière.

Août 2016
  Assise sur ce banc, Mireille ne cessait de la contempler depuis son arrivée hier soir. Elle fut offerte par l’abbaye de Fontevraud à l’occasion de l’anniversaire du Louvre. Récemment découverte dans une des nombreuses pièces secrètes du monastère, cette toile unique représentait Aliénor d’Aquitaine de son vivant. Cachée aux yeux du monde, elle avait traversé les siècles sans une égratignure et demain, des centaines de personnes se presseront pour découvrir la véritable Aliénor. Celle qui avait déchainé les passions durant sa longue vie, celle qui fût tour à tour reine des Francs et reine d’Angleterre, une reine avec du caractère et de l’esprit, une reine rebelle. Elle connaissait l’histoire d’Aliénor par cœur mais se demanda qu’elle fût celle de cette toile.

Juillet 1149
  Bertrand oyat un bruit furtif entre les épais feuillages qui encerclaient la clairière. Il troullait de voir apparaitre l’ost envoyé par sa Majesté le Roi afin de l’occire. Peut-être vont-ils me pourfendre de leur lame tranchante sans respit, pensa alors le valet. Ou alors, vont-ils me trainer au bucher pour servir d’exemple aux manants qui souhaite de nuire à la couronne. Une silhouette encapuchonnée sortie des fourrés et à cet instant Bertrand resta figé sur place. Le capuchon tomba en arrière laissant apparaitre la chevelure dorée et le visage au teint cristallin d’Aliénor. La jeune femme avait tous les atouts d’une reine de par ses traits physiques mais aussi par son maintien qui ne pouvait lober sa haute naissance. En cette période l’air était chaud, sa longue robe en soie rouge s’évasant au niveau des coudes accommodés d’un fasset de cuir beige cintrant sa taille fine était d’une telle légèreté qu’elle remuait au gré du vent d’un élégant mouvement.
Elle s’avança vers Bertrand qui demeurait encore paralysé par la peur. Cependant, cette fois-ci, il n’avait point la crainte de trépasser de par la main d’un soldat mais plutôt de défaillir à l’approche de la Reine.

  - Monsieur Bertrand, ne restez point raide comme cela. Se dégengla gentiment Aliénor.

  Le valet prit une forte respiration, fît un pas vers la Reine joignant ses mains aux siennes et plongea son regard dans le sien. Elle était venue, elle avait trouvé mon mot, se réjouit le valet.

  - Majesté, j’ai ouï dire que ce jour était un jour important pour son Altesse, bredouilla Bertrand. Je connais l’engouement de Ma Dame pour l’art et la musique et je sais que la cour de France peut se montrer parfois froide et triste. Bien des choses sont interdites à sa Majesté et je sais aussi que Ma Dame se languit de son Aquitaine natal. Auquel cas, j’ai mandé qu’un troubadour convoie prestement à Paris depuis l’Aquitaine ainsi, pour le plus grand plaisir de ma Reine, nous l’écouterons main dans la main à l’abri de tous regards indiscrets et de persiflages intempestifs.

  Aliénor, qui ne s’attendait point à cela, en resta stupéfaite. Depuis quelques mois, Bertrand ne cessait d’occuper ses pensées, elle n’en avait point cerné la raison mais cet homme la saisissait de vives et agréables sensations. Quand elle avait trouvé son mot ce matin, son cœur s’était mis à battre si fort qu’elle avait l’impression de sentir sa poitrine se soulever. Elle qui venait d’une Aquitaine si belle et grandiose, son arrivé à Paris s’était révélé très décevante et elle ne s’attendait point à découvrir un petit village sale et rétrograde. Quant à son retour des croisades, cela n’avait eu comme conséquence que de consolider sa haine envers son époux le Roi. Elle s’ennuyait du Roi et s’ennuyait de cette cour insipide.
Le visage d’Aliénor s’illumina alors d’un sourire et la peur qui tiraillait Bertrand s’envola aussitôt. Il était heureux. Heureux de faire plaisir à la Reine, heureux qu’elle retrouve le sourire qu’elle arborait jadis tous les jours, heureux de pouvoir être en sa compagnie. Il entraîna Aliénor sur un banc de pierre et fît un signe de la main en direction des buissonades. De là, en sortie un drôle de personnage, habillé tout de vert et des feuilles coincé dans ses cheveux. Un habile camouflage, la Reine ne s’était point rendu compte de sa présence. Puis, un second homme sorti aussi de sa cachette, les bras chargés d’un chevalet.

  - Ma Dame, je connais la réticence de sa Majesté à poser de longues heures durant mais je compte bien conserver autre que dans mon chef, un souvenir de ce jour si merveilleux. Il ne nous dérangera point et peintura son œuvre dans un coin pendant que nous écoutons le troubadour. Ainsi, cette toile sera notre petit secret. J’espère au fond de mon cœur que cette surprise sera digne d’un anniversaire royal.