[Votes] Les 5 sens

Alors que la planète terre se meure de plus en plus au fil des années, l’Homme colonise d’autres horizons. A l’aube de l’année 2154, de nouveaux êtres sont découvert sur la planète Gorgia. Dotée d’une intelligence supérieure, les Gorgianes ont vite appris notre langage afin de découvrir nos intentions.

Les Gorgianes ne ressemblent pas beaucoup aux humains. Ils ne possèdent pas de cou, ni de nez, et leurs bras descendent jusqu’au sol, leur permettant de se déplacer rapidement en cas de danger. Tellement de différence… pourtant on peut lire dans leur 4 yeux de la gentillesse et de un niveau de sagesse encore méconnu des humains.

Alors que Sophie était fraichement débarqué sur la nouvelle planète, les espaces verts et nouveaux décors lui coupèrent le souffle tant la beauté est surprenante.

Malgré tout, elle se sentit vite seule. Ayant laissé sa famille sur Terre le temps de coloniser parfaitement cette nouvelle planète, Sophie s’était portée volontaire pour construire de nouvelle habitation.

Les Gorgianes, d’abord contre l’idée de prêter main forte à la population humaine pour raser des hectares de plantes sauvages, on vite apprécier l’idée d’avoir de nouvelles maisons plus sûre. Car vivant sous terre, ils avaient jusqu’à présent besoin de creuser des jours et des jours pour pouvoir se mettre à l’abri.

Très vite, les deux espèces se rapprochèrent et travaillèrent main dans la main.
C’est là que Sophie rencontra Tyrius. Avec ses yeux vert émeraude charmant, Sophie avait commencé à éprouver plus que de l’affection pour cet être pourtant différent. Son accent pour parler le français la faisait rire et le temps passait si vite à ses côtés. Elle n’était plus seule.

Tyrius était un « étudieur de plante », un peu comme un biologiste chez nous. Il n’arrêtait pas de questionner Sophie sur ses habitudes terriennes et son expérience.

Leur amour grandissait de plus en plus au fil des jours et les attouchements aussi. La peau de Tyrius était épaisse et écaillée à certain endroit, alors qu’à d’autre, elle était plus douce que celle d’un nouveau-né. Il avait remarqué que  lorsqu’il caressait délicatement la peau du cou de Sophie, des bosses apparaissaient sur son corps, lui donnant un aspect rugueux.
« Tu me fais frissonner Tyrius, tu vas me donner encore plus froid… mais tu peux continuer, j’aime beaucoup ça. Au final, ton corps si chaud contre le miens pourra me réchauffer. » Avait alors expliqué Sophie.

Quelques semaines plus tard, Sophie et Tyrius décidèrent de s’installer ensemble. Ils savaient que leur relation n’avait pas beaucoup d’avenir étant donné leurs différences génétique, mais ils s’aimaient et voulaient passer le plus de temps ensemble.

Alors que Sophie humait les nouvelles fleurs de leur maison, Tyrius s’était questionné sur son geste… pourquoi se tenait-elle près de la fleur ?

« Elle sent bon cette fleur tu ne trouves pas ? » avait demandé Sophie. Mais Tyrius ne comprenait pas le sens de sa question, car les êtres comme lui ne respire pas. Leur peau prend les molécules nécessaires à leur respiration. Donc pas besoin de poumon,… ni de nez.

« Ça fait quoi de respirer ? »lui avait-il alors demandé.

« Mmmh… Ce n’est pas facile comme question. La respiration fait partie des 5 sens que l’Homme possède. C’est obligatoire pour notre survie de savoir respirer, car c’est ainsi que nous prenons l’oxygène. Mais ça nous sert aussi à savoir s’il y a du danger, comme l’odeur du feu. Là, par exemple, je sentais la fleur car elle dégage un parfum qui attirera les insectes pollinisateur. Sentir nous permet de nous rendre compte de ce qui nous entoure. Et quand je sens quelques choses de bon, ça me rend heureuse. »

Complètement déboussoler, Tyrius aurait aimé pouvoir lui aussi respirer. Faute de nez, il lui proposa plein d’objet, lui demandant de décrire leur odeur.

Plus tard, Tyrius se rappelait des mots de Sophie : « les 5 sens », que voulait-elle dire par là ? Apparemment l’odorat en faisait partie, mais qui avait-il d’autre… qu’elle autre capacité possédait-elle contrairement à lui ?

« Les 5 sens humains sont l’odorat, le toucher, l’ouïe, le gout et la vue, lui avait alors répondu Sophie ravie de pouvoir répondre à ses questions. Donc nous avons déjà parlé de l’odorat, ensuite il y a le toucher. Ça me permet de mettre des adjectifs sur la surface que je touche. Par exemple si je te touche la… je ressens quelque chose de rugueux, mais si je caresse là… c’est vraiment doux. Tu comprends ? » Lui dit Sophie en touchant son avant-bras, puis le creux de sa main. Comme quand tu m’avais touché et que mon corps avait frissonné, tu te rappelles ? Grâce à mon sens du toucher, j’ai senti que tu me caressais et j’ai beaucoup aimé.

Tyrius était heureux de leur trouver une ressemblance, car lui aussi ressentait les différences au toucher avec plus de précision et plus de sensation que n’importe quel humain cependant.

« Continuons avec l’ouïe, je pense que la aussi toi comme moi, possédons cette habilité. Car je te parle et tu m’entends. Et vice versa. Mon oreille me permet de faire résonner les sons jusque mon tympan et ainsi transmettre l’information à mon cerveau. Ainsi je peux entendre si quelqu’un m’appelle à l’aide ou si j’écoute une chanson. »
« Une chanson ? » lui avait répondu Tyrius.

Voyant les yeux de son ami pétiller à l’idée de découvrir de nouvelle chose, Sophie se mit à chanter une chanson d’amour en anglais pour ne pas trop perturber Tyrius par ses mots. Elle voulait qu’il entende la mélodie qui sortait de sa bouche et comprendre ce que voulait dire le mot chanson.

D’abord étonné et ensuite ravi, Tyrius se balança de droite à gauche au rythme de la mélodie. Une fois la chanson fini, et voulant épater Sophie par ses talents, Tyrius l’emmena vers le bord d’un lac et lui demanda de patienter. En effet, il lui promit que dans 3 minutes, un animal sauvage assez imposant viendrait s’abreuver ici même. Bien sûr, Sophie n’en cru pas un mot, jusqu’à ce que l’animal vert qui faisait le double de sa taille débarqua à l’opposé du lac.

« Je peux entendre les sons comme toi, mais je sais aussi interpréter les vibrations. Quand tu marches, ton corps transmet des vibrations au sol et je les interceptes et les décrypte. Ainsi je sais que tu arrives. » Lui expliqua Tyrius.

« Je ne pourrai jamais arriver par surprise alors ? » bouda faussement Sophie.

« Sauf si tu voles » dit en rigolant Tyrius. « Bon, d’abord l’odorat, le toucher, l’ouïe… le gout maintenant ! »

Se rappelant la dernière chose qu’elle eut goutée, elle se fit plus enjôleuse et se rapprocha doucement de lui.
« Si je te lèche là… désignant son cou, je vais avoir une sensation de salée sur ma langue. »

« Ah, c’est comme quand je te fais un bisou là, c’est tout épicé » lui dit Tyrius tout aussi langoureusement.

« Tu veux dire sucré,… c’est parce que je mets un gloss a la fraise…tu aimes ? » lui dit Sophie avec son plus beau sourire.

« Ça goute très bon » lui répondit alors en rigolant Tyrius.

« Donc tu peux gouter les aliments comme moi, mais pas les sentir. Tu peux entendre des sons, même des vibrations et tu sais toucher et ressentir les choses du bout de ta peau. Il ne reste plus que la vue. Toi, avec tes 4 yeux, comment vois-tu le monde ? » S’interrogeât Sophie.

« Eh bien, quand j’ouvre mes yeux un a un, je vois le monde sous différentes couleurs. Un œil c’est rouge, un autre c’est jaune, le suivant c’est bleu et le dernier c’est en noir et blanc. Mais quand les ouvres tous en même temps, c’est mélangé. »
« Ah, d’accord, c’est spéciale, mais ça doit être marrant de me voir tout en rouge ! rigola Sophie. Moi je vois toujours en couleur même si je ferme un œil. Le vue nous permet de voir ce qu’il y a autour de nous et de tirer profit. Comme ça s’il y a un trou, je sais que je dois faire attention ou je mets les pieds ! »

« C’est donc ça les 5 sens… nous ne sommes pas si différent que ça alors. Tu m’aimes quand même sans mon nez? »

« Evidement ! Tu es beau comme tu es, et les aptitudes de ton espèce font que vous avez des sens différent de nous. Mais que tu ais un nez ou nous comme moi… je t’aime comme tu es. » Lui répondit Sophie, se blottissant sans ses longs bras.

Heureusement qu'Elisa est là, elle est la seule à toujours avoir une réponse à mes questions. Elle m'écoute et me répond sans se plaindre. Et ensuite c'est à mon tour de l'écouter. Ne parlons aussi bien de la vie quotidienne que de sujets sérieux. Nous abordons même parfois des sujets philosophiques. Et pour cela, je lui en suis très reconnaissant. Elle est toujours franche avec moi. C'est pour ça que je me confie toujours à elle et n'hésite pas à lui poser des questions que d'autres n'auront pas répondu pour ne pas me blesser. Et elle à son tour, n'hésite pas à se confier à moi comme lors de notre rencontre. Et un beau jour, nous avions orienté petit à petit notre discussion sur les cinq sens, sur le banc devant chez moi :
"Qu'est ce que l'on ressent lorsque l'on voit ? Je me pose cette question depuis des années mais personne ne m'a jamais donné une véritable réponse.
Et elle me répondit de sa voix douce  et empli de tendresse :
_La vue n'est qu'un sens comme les autres. Tu éprouves du bonheur en voyant le visage de l'être aimé, tu peux mettre des images sur tous ce qui t'entoure. Mais peut de personnes se rendent réellement compte de ce que leur procure la vue. Mais toi, tu n'en as pas besoin. Tu sens approché les gens grâce à leurs parfums. Et tu sais comment sont les différents objets en les touchant. Tu imagines ainsi leur forme.
Et à son tour, elle me posa une question. Mais je m'attendais pas à ce genre de questions. Elle me prit de cour.
Pour toi, comme décrirais-tu le toucher ?
_Le toucher est une sensation étrange. C'est comme ci, je pouvais toucher une odeur, un son. Je peux leurs donner des textures, une forme, une hauteur, une taille...  Je sens des objets que mon cerveau ne peut s’empêcher de renier leur existence car je ne peux pas les voir. Mais pourtant, je peux les sentir. La sensation de toucher me prend toujours par surprise, je ne sais jamais quand je vais être toucher. Ce n'est pas désagréable mais c'est très étrange. Je ne crois que je ne pourrais jamais m'y habituer.
_Tu l'as déjà dit que c'était étrange , me taquina t-elle.
Elle m'embrassa ne me laissant pas le temps de répondre.
_Et là, tu ressens quoi ? Me demanda t-elle sur un ton pleins de malice. C'était étrange ?
_Non, pas du tout. C'était magique et merveilleux ! Mais quand cesseras-tu de m'embrasser par surprise ? Tu aimes tellement me surprendre ?
_Oui, j'adore ça ! Tu as toujours des réactions amusantes. Et puis, comme ça ton baiser est naturel. Tu n'y es pas préparé, rétorqua t-elle. Comme pour lui donner raison un rossignol se mit à chanter au dessus de notre tête. Nous nous restâmes un moment silencieux bercer par le chant merveilleux de l'oiseau. C'est elle qui interrompit en première le chant de l'animal en me demandant :
_Comment décrirais-tu l’ouïe ? Pour moi, c'est un magnifique cadeau de la nature qui nous permet de communiquer entre-nous mais avant tout qui nous permet d'écouter le chant du monde. Ça fait tellement de bien de pouvoir se laisser aller bercer par ce chant mélodieux. Il est peut être doux et légers et comme une berceuse mais aussi rapide, fort et puissant q'un morceau de rock.
Je réfléchi un moment avant de répondre. Je ne savais pas quoi lui répondre après, ce qu'elle avait. Je me décida enfin et lui dit :
_Les sons sont un peu comme une sorte de signature pour chaque être-vivant, chaque émotion, chaque sentiment... C'est comme être plongé dans le cœur du monde. On ressent tout ce qu'il ressent à travers les sons. Chaque chose à une combinaison de sons qui lui est propre ainsi qu'un rythme qui varie d’innombrables choses.
_Tu as raison mais je préfère ma version, c'est plus poétique.
_En même temps comment veux-tu que je fasse le poids devant de tels arguments ?
_Mais arrête-donc tes bêtises ! Et elle m'enfonça une pomme dans la bouche afin d'être sûr que je me taise. C'était une des pommes qui poussent dans son jardin et que j'aime tant.
Elle était délicieuse, un peu acidulé, juste comme il le faut. Elle me rappelait tant de souvenirs. Notamment, celui de notre rencontre à Elisa et à moi. Il y a deux ans, je m'étais endormi sur un banc devant chez moi.  Il devait être 3 heures de l'après-midi. Et à mon réveil, elle était assise à côté de moi. Elle me proposa alors une pomme. Je n'avais jamais goûté une pomme si succulente. Elle me procurait une sensation de bonheur que je ne connaissais pas. J'avais l'impression de croquer dans une brise d'été.  Pendant que je mangeais la pomme, elle me raconta qu'elle venait de perdre son frère jumeau. Il était mort dans un tragique accident de voiture, il y avait de cela 3 jours. Je la laissai parler s'entendant qu'elle avait grand besoin de parler pour ne pas sombrer dans une dépression. Je m'en voulais d'éprouver du bonheur alors qu'elle était en deuil. Quand elle eut fini, elle fondit en larme. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais je cherchai sa main à taton. Quand je la trouvai, je la pris et la serras en signe de compression mais aussi pour essayer de lui remonter le morale. Je n'avais jamais voulu faire le bonheur de quelqu'un autant que ce ce jour là.
Ça la surprit un peu, mais elle ne retira pas sa main. Et au contraire, elle se jeta dans mes bras pour pleurer tout son sou. Nous restâmes ainsi pendant une vingtaine de minutes. Quand, elle desserra son étreinte, elle me regarda et s'excusa. Je lui répondis que ce n'étais rien. Alors, elle m’encrassa sur la joue et partie en courant. Le lendemain, elle était là sur le banc à la même heure de notre rencontre. Elle m'attendait.
Je m'assis à côté d'elle. Et elle se mit à me parler d'elle et de sa famille. Me posant de tant à autres des questions pour me demander mon avis sur tel ou tel point. Nous continuâmes à nous voir ainsi pendant plus d'un mois Et petit à petit, elle réussi à faire le deuil de son frère et à retrouver le morale. Et un jour, elle posa une question qui allait tout changer entre nous.
Qu'est ce que je pensais d'elle ?
Je bégayai pendant cinq bonnes minutes avant de réussir à lui avouer qu'elle était la première personne me parlant normalement sans tenir compte de mon infirmité. Et que je l'aimais.
Les secondes qui suivirent parure durer une éternité. C'est elle qui mit fin à mon calvaire, elle m'embrassa en se jetant dans mes bras manquant de me faire tomber du banc et faisant envoler par la même occasion les pigeons qui roucoulaient a nos pieds. Et aujourd'hui nous sommes encore ensemble depuis un peu plus de deux ans. Et nous avons pris l'habitude, chaque semaine, de parler sur ce banc de tout et de rien. Comme elle le faisait avec son frère avant sa disparition. C'est pour elle un moyen de rendre hommage à son frère et de ne pas l'oublier tout en apprenant à me connaître. Et depuis grâce à elle, j'ai appris à accepter mon handicap. "