[Daenerysse & Lehanna] l'abstrait

Il y eut alors en elle une irrépressible envie de pousser un cri. Déjà, elle sentait son front se plisser, ses yeux se froncer, sa bouche s'étirer, mais quand, dans ses petits poings qui se serraient, elle perçut une douce chaleur, le cri soudain, n'avait plus d'intérêt.

Elle serra ses mains sur cette mollesse duveteuse. Elle aimait. La pulpe de ses doigts ne rencontrait ni obstacle, ni rugosité. Au rythme des mouvements de sa main, il y avait des pleins qui remplissaient sa paume, puis cela devenait plat, puis plus plat encore. Des creux.
Ces changements la déconcertèrent un instant. Et puis non. Cela était bon. Cela était bon, vraiment? Elle secoua son autre main. Ah! celle-là était plus froide! Il ne s'y passait rien... Dans l'autre main, c'était mieux, assurément.

Sa tête se tourna vers cette si agréable sensation. De ses yeux bleu marine, elle chercha à voir. Il y a avait des lignes qui s'assemblaient, des courbes aussi. Et des couleurs. Du foncé, puis du clair, puis encore du foncé et à nouveau du clair. Il y avait des nuances qui lorsqu'elle les fixait, aussitôt l'apaisait. Elle n'avait plus envie de gigoter, elle n'avait plus envie de faire des sons avec sa gorge,  elle avait juste envie d'être là, comme cela. Les autres nuances, au contraire, l'excitaient. C'était vif, cela chatoyait, éclatait. Alors, elle secouait ses jambes, bougeait ses pieds, battait des bras, faisait du bruits avec ses lèvres et des bulles avec le liquide qu'il y avait dans sa bouche.

D'ailleurs, elle avait bien envie d'y goûter à cette chose. C'était si bon, dans ses mains... Cela devrait être tout aussi bon dans sa bouche.

Tout était tellement simple. Les choses se passaient, comme cela. Elle y pensait et son corps le faisait sans même qu'elle ne s'en rende vraiment compte ou qu'elle ne sache comment.    

Dans sa bouche, c'était comme entre ses doigts. Sa langue glissait agréablement au rythme des volumes. Elle en sentait la pointe remonter sur les pleins, redescendre dans les creux. Cela ne la déconcertait plus, bien au contraire, cela lui donnait envie de remuer les jambes. Mais soudain, à nouveau, elle ne savait plus trop. Ses pieds cessèrent de bouger. Sur son palais, cela grattait un peu. Puis picotait. C'était agréable et désagréable. Sans qu'elle ne puisse rien contrôler, elle sentit son ventre se contracter et il y eu  une cascade de sons qui sortit de sa gorge.  

Confuse, elle cessa de bouger son corps, fixa ses yeux tout droit devant elle, retira la chose de sa bouche. Puis, elle décréta que finalement, elle avait aimé ce moment étrange.
 
Sur son nez, à nouveau, cela piquait, grattait et était doux tout à la fois. Mais surtout, cela sentait bon. Elle y sentait cette odeur, celle de toujours, celle qui avait et était toujours là, sur sa peau. Puis une autre, un peu moins forte. Cette senteur là évoquait en elle un être immense aux yeux sombres et dont la bouche piquait quand il la posait sur sa joue. Elle aimait bien cette odeur. Tout comme l'autre. Ce parfum douceâtre qui lorsqu'elle le sentait, faisait fuir le noir, le sombre... Ce noir qui lui faisait mal jusque dans son ventre et qui la poussait à mouiller ses yeux et à crier.

Elle respira plus fort. Cela était bon.

La femme ouvrit doucement la porte. Elle s'approcha du berceau et son visage s'éclaira lorsqu'elle vit ce qu'il y avait dans la minuscule main de son bébé.

"Alors, ma petite chérie, il te plaît le doudou qui a appartenu à maman?"