Bettyboopjade Ange gardien Date d'inscription : 25/03/2011 Age : 41 Localisation : Mons (Belgique)
| Sujet: [Votes] L'horloger Lun 21 Avr 2014, 14:01 | |
| Il est temps de voter pour la battle!Thème: L'horloger Contrainte: L'action se passe à Paris
Vôtre rôle si vous l'acceptez est de voter pour la création qui selon vous incarne le mieux le thème tout en respectant la contrainte.
Les votes sont ouverts jusqu'au 28/04/2014 Voter c'est bien MAIS laisser un commentaire c'est bien mieux Ptitemu : - L'horloger:
En ce temps là, parmi les rues étroites et tortueuses de Paris, entre les maisons et les échoppes, près de la place Maubert, se tenait la boutique d'un horloger. On franchissait une porte ouvragée pour pénétrer dans un étrange atelier surchargé, un capharnaüm empli d'un bric à brac extraordinaire, d'outils, de ressorts, de rouages, de minuscules pièces dentelées. Sur les murs et les étagères étaient exposées des dizaines d'horloges, de chronomètres, de pendules plus élégantes et brillantes les unes que les autres ; et lorsque les vêpres sonnaient à Notre Dame, un vacarme inouï retentissait dans l'établi, quand tout ces appareils se mettaient à sonner, à carillonner, à tintinnabuler à la même seconde.
Le Maître des lieux était un petit homme sévère et singulier. Il atteignait déjà un âge respectable, et ses cheveux poivre et sel strictement noués, ses sourcils si fins qu'on les aurait cru dessinés à la plume, son teint blafard et ses joues creuses n'incitaient pas ceux qu'il croisait à la familiarité. Autant son échoppe tenait du bazar, autant son apparence restait toujours impeccable. Sa vêture se composait d'une redingote grise et d'un gilet stricts, de souliers à boucles d'argent, et d'une montre à gousset qu'il chérissait en lieu et place de toute famille. Il parlait peu, d'un ton sec, abrupt et précis. Il n'hésitait pas à rabrouer les chalands indécis qui musardaient dans sa boutique, et jamais il ne bavardait avec ses clients. Il était trop occupé.
Car notre horloger travaillait à son grand oeuvre.
Jour et nuit, dans la chaleur étouffante de l'été, dans les remugles des odeurs de Paris, il travaillait. Durant les frimas de l'hiver, alors que le gel rehaussait les toits d'un halo d'argent, il travaillait. Souvent, à la nuit noire, dans la sombre masse de la ville endormie, on voyait encore scintiller à la fenêtre le reflet tremblotant d'une chandelle.
Il rêvait de concevoir l'horloge parfaite, qui garderait sa précision par tous les temps et en toutes circonstances, sans qu'il fût besoin de la remonter ou de la régler. En ces temps anciens, la précision des mécanismes n'étaient pas la nôtre, et notre homme rêvait d'une pendule que personne n'aurait plus besoin de régler.
Les gens ne l'aimaient pas. Ils appréciaient l'excellence de ses fabrications, ils savouraient l'extraordinaire atmosphère de sa boutique. Les enfants observaient par la fenêtre cette caverne d'Ali Baba, où ces étranges machines résonnaient et vibraient, cliquetaient et vrombissaient, faisant surgir de leurs fenêtres miniatures des coucous délicats et des automates fabuleux. Mais quand ils apercevaient la silhouette de l'horloger sur le seuil de la porte, ils s'égayaient comme une volée de moineaux.
Pourtant, pendant qu'il assemblait ses merveilleuses créations, un sourire flottait sur les lèvres du Maître. Et lorsque Vêpres sonnaient, que ses féeriques pendules faisaient entendre leurs mélodies mêlées dans un fantastique concert, ses yeux gris scintillaient et se remplissaient de lumière.
Les jours et les années se passent, à Paris comme ailleurs, autrefois comme aujourd'hui. Un soir, notre horloger posa ses outils sur l'établi. Devant lui se dressait une minuscule pendule, précise, inaltérable. Il en avait élaboré ses mécanismes subtils à l'aide de ses loupes les plus puissantes, il avait ciselé ses minuscules pièces, fabriqué ses ressorts dans le meilleur acier, fondu ses contrepoids dans l'or le plus pur. Il savait que jamais cette pendule ne se déréglerait. Il avait réussi.
Il s'allongea, serein, et ferma les yeux, savourant cet instant unique, ce moment de perfection, cet aboutissement de sa vie.
Alors il rendit le dernier soupir, un fin sourire aux lèvres. Et toutes les cloches de la ville se mirent à sonner, dans un ultime et vibrant hommage à leur ami.
Miss_Cupcake : - Spoiler:
J’avais fait une balade en bateau mouche sur la Seine avec une amie ce matin, puis j’étais monté tout en haut de la Tour Eiffel, la vue était splendide, à couper le souffle. A présent, je marchai dans de petites ruelles parisiennes, elles semblaient dater d’une époque passée, de jolies ruelles pavées, menant parfois à un cul-de-sac, ou débouchant sur une autre ruelle. Il était déjà dix-neuf heures. J’étais à la recherche d’un petit restaurant, sans trop de monde, quand je vis un petit magasin, un « boui-boui », tout en bois, avec une vitrine simplette, garnie d’horloges de toutes sortes, en bois pour la plupart, et de quelques montres. Il y avait un petit panneau « OUVERT » sur la porte, alors je rentrai dans la boutique. Un coucou sonna dès que j’eus franchi la porte. Un vieil homme, au visage fin marqué par l’âge, et dont le crâne n’était muni que de quelques cheveux blanc nous regarda, puis nous sourit. Il nous invita à se rapprocher du comptoir.
Je vis alors derrière lui une étagère où s’empilaient des horloges, toutes plus originales les unes que les autres, certaines de couleurs voyantes, d’autres de bois noir, tout simplement. Elles semblaient toutes avoir une histoire, elles étaient authentiques, elles dégageaient quelque chose de spécial. L’homme dut voir que ces horloges éveillaient ma curiosité car il me dit : « Toutes ces pièces que vous voyez ici ont une histoire bien à elle, et je les connais toute par cœur » ! Je ne pus dissimuler un effet de surprise sur mon visage :
« Toutes ? -Oui, toutes me répondit-il fièrement. -Vous devez adorer votre travail pour vous rappeler d’autant de choses. -Voyez-vous mademoiselle, commença le vieil homme, j’ai moi-même monté ce magasin, qui au début n’était qu’une pièce vide, j’ai fait tous les travaux, je suis allé chercher chaque pièce que vous voyez ici, j’ai déniché chaque antiquité que vous voyez là-bas, et j’ai réparé chaque horloge que je vends. Alors oui, j’aime mon travail, j’aime entendre ce petit bruit de l’aiguille qui avance, j’aime entendre le coucou sortir à chaque fois que des gens entrent dans mon magasin. Cette boutique représente plus que mon métier, c’est ma passion. »
Je restai sans voix à ces paroles, ces mots si touchants et forts selon moi.
« Mais, repris-je, vous travaillez seul ? -Oui mademoiselle, depuis que j’ai monté cet endroit, je travaille seul, et ça me plait bien. » Un autre coucou sonna, fort, mais un dysfonctionnement interrompit ses bruits, je sursautai. L’horloger prit alors cette horloge, ouvrit la vitre où se situaient les aiguilles, puis, avec calme et assurance, il enleva quelques pièces, les ramena sur le comptoir, et commença à expliquer : « Vous voyez, ces trois pièces sont d’origine, je n’ai pas eu besoin de les changer en installant l’horloge ici, mais maintenant elles fatiguent. Ne bougez-pas, je vais chercher les rechanges. » Il partit deux ou trois minutes, et revint avec des pièces, qui, personellement, me semblaient être complètement différentes. « Vous allez remplacer ces trois vieilles pièces par celles-ci ? demandais-je en désignant celles qu’il venait de ramener -Oui, me répondit-il, ces nouvelles pièces proviennent d’une autre horloge du même type que j’ai acheté il y a quelques semaines. Je les ai enlevé, je pense qu’elles conviendront mieux à notre horloge en panne -Comment vous pouvez savoir ça alors qu’elles étaient sur une autre horloge à la base ? -Instinct jeune fille, instinct. »
Il remplaça alors les pièces qu’il avait enlevé par celles qu’il venait de ramener, prises d’une autre horloge. L’horloge anciennement en panne se remit à fonctionner.
Il me regarda avec un grand sourire et me dit : « Instinct d’horloger jeune fille ». Il s’approcha de moi, et me tendit l’horloge. Je la pris, et il me dit enfin : « Cadeau, en souvenir de mon petit commerce ». Je repartis le sourire aux lèvres, cette horloge, j’allai en prendre soin.
Dernière édition par Bettyboopjade le Mar 29 Avr 2014, 08:39, édité 1 fois |
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havane2b Peintre au doigt Date d'inscription : 07/04/2013 Age : 41
| Sujet: Re: [Votes] L'horloger Lun 21 Avr 2014, 15:17 | |
| Bravo, j ai aime vos deux textes. j ai voté pour celui de ptitemu car j aime cette profusion de petits détails qui collent bien avec le métier d horloger. On voit et on entends bien la musique de cet atelier et de son maître. |
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LadySquirrel As de l'acrylique Date d'inscription : 30/07/2012 Age : 31 Localisation : Haute Cour
| Sujet: Re: [Votes] L'horloger Lun 21 Avr 2014, 17:04 | |
| Alors j'ai trouvé les deux textes bien écrit ! Mais j'ai voté pour Ptitemu. Son texte autant que celui de sa camarade avait vraiment un côté très humain et la dernière partie, bien que je commençais à m'en douter vers la fin, était vraiment touchante, loin d'être triste en fait. MissC a fait quelque chose de plus joyeux et de réussi dans son style, j'ai bien aimé la fin là aussi. Mon choix ne s'est joué qu'à peu de chose. |
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Mad Animateur Date d'inscription : 05/05/2013 Age : 37 Localisation : Ici ou là... ou ailleurs
| Sujet: Re: [Votes] L'horloger Ven 25 Avr 2014, 16:45 | |
| Les deux textes ont une ambiance assez différente, bien que très agréable l'une et l'autre. Celui de ptitemu nous transporte dans une petite boutique du Paris d'autrefois. La description en est très réussie, tous ces cliquetis, on s'y croirait. La fin est touchante aussi, cet homme qui accomplit l'oeuvre de sa vie. Celui de Maya est plus actuel et joyeux. On devine une jeune fille en vacances à la capitale qui tombe sur ce petit bijou d'horlogerie et son propriétaire. On ressent également la passion de l'homme mais de manière différente. Je vote pour ptitemu, mais bravo à toutes les deux pour ses beaux textes. |
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Bettyboopjade Ange gardien Date d'inscription : 25/03/2011 Age : 41 Localisation : Mons (Belgique)
| Sujet: Re: [Votes] L'horloger Sam 26 Avr 2014, 13:12 | |
| Vous avez toutes les deux écris des textes magnifiques, vraiment. Deux styles différents mais vous avez toutes les deux exploité le thème à merveille. Je vote pour Ptitemu parce que j'aime particulièrement l'ambiance ancienne qui se dégage mais je le redis un grand bravo à vous deux ! |
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